Deux vieux marins des mers du Nord
S’en revenaient, un soir d’automne,
De la Sicile et de ses îles souveraines,
Avec un peuple de Sirènes,
A bord.
Joyeux d’orgueil, ils regagnaient leur fiord,
Parmi les brumes mensongères,
Joyeux d’orgueil, ils regagnaient le Nord
Sous un vent morne et monotone,
Un soir de tristesse et d’automne.
De la rive, les gens du port
Les regardaient, sans faire un signe :
Aux cordages le long des mâts,
Les Sirènes, couvertes d’or,
Tordaient, comme des vignes,
Les lignes
Sinueuses de leurs corps.
Et les gens se taisaient, ne sachant pas
Ce qui venait de l’océan, là-bas,
A travers brumes ;
Le navire voguait comme un panier d’argent
Rempli de chair, de fruits et d’or bougeant
Qui s’avançait, porté sur des ailes d’écume.
Les Sirènes chantaient
Dans les cordages du navire,
Les bras tendus en lyres,
Les seins levés comme des feux ;
Les Sirènes chantaient
Devant le soir houleux,
Qui fauchait sur la mer les lumières diurnes ;
Les Sirènes chantaient,
Le corps serré autour des mâts,
Mais les hommes du port, frustes et taciturnes,
Ne les entendaient pas.
Ils ne reconnurent ni leurs amis
– Les deux marins – ni le navire de leur pays,
Ni les focs, ni les voiles
Dont ils avaient cousu la toile ;
Ils ne comprirent rien à ce grand songe
Qui enchantait la mer de ses voyages,
Puisqu’il n’était pas le même mensonge
Qu’on enseignait dans leur village ;
Et le navire auprès du bord
Passa, les alléchant vers sa merveille,
Sans que personne, entre les treilles,
Ne recueillît les fruits de chair et l’or.
Emile Verhaeren
Margot kiki, c’est de vous qu’il s’agit dans ce poème. Puisqu’il n’est pas le même mensonge qu’on enseignait dans votre village. À moi non plus, on n’a pas enseigné la poésie et le rêve. Ou alors, je n’étais pas réceptive. Comment j’ai pu vivre tant d’années sans connaître la puissance de telles œuvres.
J’aime beaucoup ce poème. Je suis pianiste et je compose. J’aurais bien aimer en faire une mélodie pour piano et voix, mais il est trop long. J’aime beaucoup ce style assez… «bizarre» et mystérieux…
Émile Verhaeren est à mon avis un grand poète, comme tout grand poète il à un style qui se distingue des autres, mais dans ce poème, je n’ai pas été autant touché que sur ses poèmes sur les usines. J’ai remarqué qu’il se répète souvent dans ses idées, dans certains de ses poèmes, surement à cause de son style, mais ce poème ne m’a pas beaucoup touché. Je l’ai lu 2 fois, avec tentative de comprendre le sens, mais que dale.
C’est bien rendu : la grisaille, la tristesse, et ceux qui ne comprennent rien au rêve qui passe – comme ceux qui critiquent d’ailleurs, soit dit en passant. Très beau.
Les sirènes chantaient,..
les seins levés comme des feux..
Emile Verhaeren nous embarque sur son bateau de poésie, poussé par les vents dans la grand voile, vers des horizons où le coeur et l’ame du marin se confondent dans les couleurs des jours et des nuits…
j’ai relu avec beaucoup de plaisir quelques poèmes d’Emile Verhaeren.
Nous les apprenions à l’Institut Imelda,à Bruxelles au cours de français de Mademoiselle Coléry.
J’ai maintenant 76 ans!
A l’approche de Pâques, je recherche chaque année :
Pâques……..
tout est lavé, même l’égout
Quel bon temps !
et l’on suspend l’oiseau en cage
près de la porte à l’ancien clou
Trop long et ennuyant à mon goût! Personnellement, je n’apprendrais jamais ce poème. Quand on écrit un poème c’est pour faire rêver les lecteurs et ce poème ne m’as vraiment pas fait rêver. Et puis il y a tellement de détails dans ce poème qu’on ne sait plus ou on en ai: c’est assez dommage pour un poète aussi célèbre! Ce n’est pas tout le temps les plus célèbres qui nous font rêver!
merci pour ce poème magnifique
Emile Verharen me rappelle bien des souvenirs d’enfance
merci pour tous ces poèmes que l’on trouve sur ce blog
amitié Chantal
Magnifique …
Merci pour ce partage.
Magnifique poème, terrible d’actualité (les gens qui ne voient plus …) et bravo pour le site.
C’est mon ami Zweig qui m’a donnée envie de cliquer sur Verhaeren, et il y a fort à parier que je vais, après 54 ans d’ignorance ou presque, me mettre à la poésie …
Merci.
Emile Verharen c’est toute ma jeunesse
c’est le temps des poèmes
Très beau conte humaniste