Émile Verhaeren, poète belge francophone, naît à Saint-Amand, près d’Anvers, le 21 mai 1855.
Depuis son plus jeune âge c’est un enfant doté d’une grande curiosité intellectuelle. Il fait ses études secondaires à l’école Sainte Barbe de Gand, où il acquiert une solide formation humaniste. Il s’inscrit ensuite à la faculté de droit de l’Université de Louvain, tout en continuant à s’intéresser à la littérature. Après avoir obtenu son diplôme, il s’installe à Bruxelles pour commencer une carrière juridique. Bruxelles est à l’époque l’épicentre de la renaissance des arts et des lettres belges. Le dynamisme des activités artistiques et culturelles qui l’entourent et la fréquentation de cercles écrivains, lui font délaisser le droit et se tourner définitivement vers la littérature.
Il publie d’abord d’importants essais sur l’art dans le « Journal des beaux-arts et de la littérature » et dans « L’art moderne ».
Son premier recueil de poèmes, « Les Flamandes », consacré à son pays natal, est publié en 1883. Cette première œuvre fait sensation auprès des critiques et des lecteurs spécialisés, qui promeuvent immédiatement le nouveau poète aux sommets littéraires de l’époque et tiennent à souligner le parallélisme de sa perfection parnassienne avec le style exposé par les grands peintres flamands.
Le succès de ce premier recueil ne se limite pas à la Belgique, puisque les grands écrivains français de l’époque, François Coppée, Joris-Karl Huysmans et Victor Hugo en tête, vont faire l’éloge de « Les Flamandes » et font connaître son jeune auteur aux principaux cercles de l’avant-garde littéraire parisienne qui fera évoluer sa création poétique vers une plus grande intimité symboliste.
Son second recueil, « Les Moines », voit le jour en 1886. Bien que toujours d’influence parnassienne, ses vers sont ici marqués par une profonde tension religieuse et ils annoncent déjà la profonde crise spirituelle qui sera bien exprimée dans les poèmes successifs caractérisés par un ton sombre et pessimiste visant à montrer sa préoccupation pour les problèmes sociaux de son temps. Parmi les œuvres les plus significatives de cette période d’effondrement dépressif et d’esthétique symboliste figurent les recueils de poèmes intitulés : « Les Après-midi » (1887), « Les Désastres » (1888) et « Les Torches noires » (1891).
Cette étape, caractérisée par la recherche d’une poésie visionnaire, conduit à une troisième période, dans laquelle une synthèse émerge entre le thème de la décadence du monde rural et la montée des villes après le triomphe de la révolution industrielle : « Les Campagnes hallucinées » (1893), « Les Villages illusoires » (1895), « Les Villes tentaculaires » (1895), et son premier drame, « Les Aubes » (1898).
Une dernière étape comprend des œuvres d’un ton plus intime dictées par l’amour conjugal, « Les Heures claires » (1896), « Les Heures d’après-midi » (1905) et « Les Heures du soir » (1911). Verhaeren s’est marié en 1891. Cette période se caractérise aussi par un optimisme nourri par la foi dans le progrès de l’humanité qu’on retrouve dans « Les Forces tumultueuses » (1902), « La Multiple Splendeur » (1906) et « Les Rythmes souverains » (1910).
Quand la Première Guerre mondiale éclate en 1914, la Belgique est occupée par les troupes allemandes. Verhaeren se réfugie alors en Angleterre. De cette période naissent les anthologies lyriques : « La Belgique sanglante », « Parmi les Cendres » et « Les Ailes rouges de la Guerre » (1916) dans lesquels il chante la paix, le refus de la guerre et l’exaltation de la patrie.
Émile Verhaeren meurt accidentellement le 27 novembre 1916 à la gare de Rouen poussé par la foule sous les roues d’un train après avoir donné une conférence dans cette ville.