Renée Vivien, pseudonyme de Pauline Mary Tarn, nait le 11 juin 1877 en Angleterre. Sa mère est américaine et son père, héritier d’une grosse fortune, anglais. Jusqu’à la mort de ce dernier, en 1886, elle vit à Paris puis elle déménage avec toute sa famille en Angleterre.
En Angleterre, la petite Pauline est dévastée par la perte de son père, de ses amis d’enfance et de celui qu’elle considère comme son pays, la France. Elle se retire dans le monde de la littérature et commence à s’imaginer un avenir d’écrivain. Ses premiers poèmes et journaux intimes, d’un talent remarquable, attestent de cette ambition littéraire.
Pauline n’est pas heureuse en Angleterre. Elle est traitée avec grande froideur par sa mère, qui, après une tentative de fugue, voulant peut-être mettre la main sur son héritage, tente de la faire déclarer folle, mais le tribunal la met sous tutelle jusqu’à ses 21 ans.
A sa majorité et avec son héritage qui la met à l’abri du besoin, fuyant son éducation victorienne dont elle abhorre l’hypocrisie, elle revient vivre à Paris où, non seulement elle change de langue, mais aussi de nom. Elle choisit le pseudonyme de Renée Vivien. Elle s’installe dans l’ancien appartement familial pour se concentrer sur son écriture, qui restera exclusivement en français. Elle retrouve sa grande amie de jeunesse, Violet Shillito, qui lui présente l’héritière américaine Natalie Barney.
Renée et Natalie tombent amoureuses, mais cet amour n’est pas vécu de la même façon par les deux jeunes filles. Renée est une romantique et Natalie une lesbienne assumée adepte du polyamour. Exaspérée par les infidélités, Renée met fin avec déchirement à cette relation amoureuse. La douleur de cette rupture et la maladie et la mort soudaine de Violette Shillito se ressentent dans son premier recueil, « Études et préludes »(1901), empreint de sensualité et de langueur.
En 1902, Renée tombe amoureuse de la riche baronne Hélène de Zuylen de Nyevelt. L’amour d’Hélène lui apporte un équilibre émotif et une stabilité bénéfiques à sa création littéraire. Cependant, leur liaison doit rester secrète parce qu’Hélène est mariée et a des enfants. Les deux femmes publient ensemble des livres sous le pseudonyme de Paul Riversdale.
En 1907, la baronne quitte Renée, qui n’est pas fidèle non plus, pour une autre femme. Accablée par des soucis financiers, humiliée et attristée, Renée, accoutumée depuis son adolescence aux opiacés qui l’aident à dormir et affaiblie par une forte consommation d’alcool, se laisse aller à un jeûne délibéré. En 1908, elle fait une tentative de suicide par laudanum à la suite duquel elle reste partiellement paralysée. Très affaiblie, elle meurt de pneumonie le 18 novembre 1909 à l’âge de 32 ans.
Renée Vivien est la première poétesse francophone à chanter ouvertement son amour physique pour les femmes et la deuxième femme francophone, après Mme Dacier au XVIIe siècle, à traduire l’œuvre de Sappho en français. Pour ces raisons, elle mérite pleinement le nom de Sapho moderne. L’ensemble de ses œuvres, la plupart publiées posthumes, recense 17 volumes de poésie et 16 volumes de prose, sous ses différents pseudonymes.
En son hommage le prix Renée-Vivien est créé en 1935. Ce prix récompense les recueils poétiques de langue française.