Banquise d’art vivant et muraille de pluie,
Ses palais broient la mort, et ses canaux se noient,
Entre les plis fuyants des moires et des lois
Dont se fardent ses toits et ses lèvres qui fuient.
Venise souffle l’or comme un cristal de nuit,
Enflammant ses émois au timbre d’un hautbois,
Qu’une brise à minuit effleure de sa voix,
Parce qu’un homme amoureux assouvit son ennui.
Au basalte des rues, s’abandonnent ses pas
Qu’une ruche d’archets emprisonne en son sein,
Entre les bouches nues des rios et des rats.
Assoiffée de beauté, sereine elle se maquille,
Dévêtue de son corps aux purs éclats d’airain
Et passionnément joue son sort à la manille.
Francis Etienne Sicard, Odalisque, 1995