Sous son granite noir le pharaon repose
Entre la chair du soir et l’aube de l’orient
Attisant le soleil de son souffle patient,
Comme un roc alourdi d’une écaille de rose.
Masque de sable et d’or, il enfanta l’hypnose,
Et descendit le Nil d’un silence omniscient
Dont il nourrit le temps d’un royal expédient,
Empruntant le courant que suivent les aloses.
Son effrayant sommeil épouvanta les prêtres,
Dispersant les devins comme des grains de blé
Dont le germe ranci empoisonna nos êtres.
Alors le désert but sa parole divine
Dont le cartouche obscur priva l’éternité
De son tombeau fouillé d’une main assassine.
Francis Etienne Sicard, Odalisques, 1995