Un domino de soie et son masque d’argile
Hantent toutes mes nuits de leur peau de fantôme,
Et gravent dans mes yeux un verset palindrome,
Qu’un miroir d’argent pur lit comme un Evangile.
Ganté d’or, l’arlequin, joue à pincée agile,
Des mélodies d’amour sur un luth polychrome
Qui charment le destin d’un lutin et d’un gnome
Dont le visage nu sourit au soir fragile.
Le long des quais lapés par la brume du jour,
Il glisse à pas feutrés sur le marbre meurtri,
Puis se fond dans la nuit comme un fin troubadour.
Est-ce un ange du ciel qui s’abreuve de paix,
Aux riches abreuvoirs d’un palais assoupi,
Ou le diable affublé d’un corps de portefaix ?
Francis Etienne Sicard, Lettres de soie rouge, 2011