Oui, ce monde est bien plat ; quant à l’autre, sornettes.
Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,
Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.
Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes.
Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord
Me plonge en une extase infinie et m’endort
Comme aux parfums mourants de mille cassolettes.
Et j’entre au paradis, fleuri de rêves clairs
Ou l’on voit se mêler en valses fantastiques
Des éléphants en rut à des choeurs de moustiques.
Et puis, quand je m’éveille en songeant à mes vers,
Je contemple, le coeur plein d’une douce joie,
Mon cher pouce rôti comme une cuisse d’oie.
Jules Laforgue
J’ai eu mon quart d’heure de célébrité en présentant ce poème en seconde dans un lycée agricole il y a plus de 40 ans, mon professeur a été subjugué que Jules Laforgues puisse être connu et apprécié par une de ses élèves. à la rentrée en terminale il nous en a reparlé
Un autre de ses poèmes est fort « la première nuit »
Je me rappelles de mes années de terminale en 2009. Ce poème nous a tellement marqué jusqu’à on a surnommé le groupe de fumeurs de la classe. Merci à mon prof de français Mr Ouattara.
C’était durant mon année de troisième au collège (il y a plus de quarante ans), je me souviens du prof de français avec ses petits foulards qu’il accrochait à son cou. Ils étaient chaque jour d’une différente couleur, on se moquait bien de lui mais je n’ai jamais oublié cette prose qu’il nous a fait connaître : « oui ce monde est bien plat ; quand à l’autre sornettes .. ». Il est resté gravé dans ma mémoire, je n’ai aucune idée pourquoi.
Il est sorti quand ce poème svp?
J’ai beaucoup aimé ce poète du 19e siècle surtout son poème la Cigarette extrait de sanglot de la terre.