A la rouille du soir une plume de sang
Retouche l’horizon d’une ride de soie,
Qu’une ombre de sépia saupoudre de sa joie,
Près d’un port dilué dans le fard d’un étang.
Des nuages gantés d’une peau de mustang,
Piaffent le long des rocs où la lumière aboie
D’un dernier cri badin qu’une lune d’or noie
Dans un bassin d’argent, sous la dent d’un écang.
D’une bulle de menthe à la saveur d’orange,
Naît l’ivresse des nuits que la pulpe d’un ange
Distille dans la mer comme un philtre envoutant.
Le paradis déploie une ombrelle en dentelle
Et la moire du ciel s’ourle d’un diamant
Dont l’éclat brille alors d’une paix éternelle.
Francis Etienne Sicard, Lettres de soie rouge, 2011