Il est tard et c’est l’heure où les gens raisonnables
S’accordent un doux répit en ce monde agité
– Convolent en justes noces dans le songe épais
Autant l’innocent que le perfide coupable.
Mais moi je reste tout proche de ma chandelle
Comme du feu rédempteur au fond de la nuit.
Je demeure fasciné par ce coeur qui luit
Semblable à l’insecte qui se brûle les ailes.
Dormir ? Et pourquoi donc ! Mon rêve est un carnet
Sur lequel s’échine une plume vagabonde ;
Ivre de bondir sur de sinistres rotondes,
Elle repose parfois sur les bords du Léthé.
Vif, c’est seulement à la faveur du matin
Qu’un rayon délicat du Phoebus andrinople
Viendra déchirer la pure aurore sinople
Et souffler en mes narines son doux parfum.
Morphée – je t’attends comme on pleure sa jeunesse,
Aussi les vêpres du soir ou la frondaison ;
S’il te plaît, pose ta main transie sur mon front
Et soulage ma fièvre ô ma douce princesse.
Didier Sicchia, La rhétorique de l’ineffable, 2010
La divinité du sommeil, serait-il transformiste?
Plus sérieusement, je pense que l’auteur joue avec les genres et sexes de façon (encore une fois) à supputer quelque ambiguïté d’époque.
Félicitations !
Question idiote, sans doute : Est-ce à dessein que vous émasculez Morphée ?