Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
En qui vont les péchés d’un peuple, ni creuser
Dans tes cheveux impurs une triste tempête
Sous l’incurable ennui que verse mon baiser:
Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts:
Car le Vice, rongeant ma native noblesse,
M’a comme toi marqué de sa stérilité,
Mais tandis que ton sein de pierre est habité
Par un coeur que la dent d’aucun crime ne blesse,
Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.
Stéphane Mallarmé
Finalement, poème à lire davantage comme un « Ad profunda » que comme un « De profundis »…
Troisième volet de l’étude :
Il y aurait une autre lecture possible et non contradictoire du poème, une lecture psalmique, qui verrait dans « Angoisse » une sorte de « De Profundis » païen où la « Bête » (« ô bête ») serait l’image négative du « Seigneur » (« De profundis clamavi ad te, Domine »).
Prière de demande, et non d’adoration, de demande d’un repos éternel (« Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes »), mais d’un repos impossible car Poète et Prostituée se manifestent sous deux modes différents, irréductibles l’un à l’autre, l’être et le non-être, et là où est l’un, l’autre n’est pas : toute la construction du poème joue de cette rencontre à jamais manquée…
Le poème aurait pu pour cela s’intituler « Absence ».
Dans les deux premiers quatrains le Poète n’est pas plus l’être que la Prostituée n’est le non-être, le vide, l’absence : chacun prend alternativement la place de l’être et du non-être, dans une succession que veut peut-être exprimer le choix de rimes croisées.
Ainsi dans la première strophe le Poète s’adresse d’entrée à la Prostituée sur le mode négatif (qui donne toute sa tonalité au poème) de celui qui annonce ce qu’il ne va pas faire, ou mal faire, de manière im-parfaite : « Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps», « ni creuser une triste tempête », ailleurs on lit « l’incurable ennui que verse mon baiser », là où la Prostituée a la présence la plus primitive et massive qui soit : celle de la « bête » sacrificielle et expiatoire, offerte dans son lit aux «péchés d’un peuple », dont les « cheveux impurs », que l’on imagine défaits et étalés (représentation traditionnelle de la prostituée, et de Marie-Madeleine plus particulièrement dans l’iconographie chrétienne), font aussi penser à ceux de la Gorgone.
Dans la deuxième strophe les rôles s’inversent : le Poète s’adresse positivement à la Prostituée-divinité maléfique : « Je demande », alors que la Prostituée prend la place de celle qui n’est pas là, ou qui se manifeste négativement : on a vu précédemment toute la signification de l’emploi métonymique de « lit », mais aussi de toute la négativité portée par des formules comme « rideaux inconnus du remords » (hypallage), « noirs mensonges » et celle du huitième vers : « Toi qui sur le néant en sais plus que les morts ».
Dans les deux premiers vers du premier tercet qui suit, il semblerait qu’apparaisse un terrain d’entente et de rencontre possible (« Car ») : celui du « Vice », point commun qui a « marqué de sa stérilité » les deux êtres… Espérance toute négative, bien vite détruite par le « Mais » définitif en attaque du vers 10…
Ici pour bien comprendre le sizain final il faut le lire sous la forme d’un quatrain suivi d’un distique isolé en fin de poème -comme cela apparait ailleurs chez Mallarmé dans la typographie de certains de ses sonnets, qui du coup n’en sont plus vraiment- si l’on veut voir dans la rimique le reflet d’un sens.
En effet le « troisième quatrain » (v. 9 à 12) avec ses rimes riches embrassées (CD/DC) est construit en miroir inversé (les rimes DC, v. 11 et 12, repoussent les rimes CD, v. 9 et 10) qui renie et annule toute possibilité d’échange et de partage : « Vice » et « stérilité » vont désormais partir dans deux directions totalement divergentes chez l’une et chez l’autre, qui ne permettent plus de croiser les rimes et interdisent définitivement toute « rencontre », autre qu’illusoire et temporaire dans le « lit » de l’oubli…
Désormais chacun va demeurer dans son « genre ontologique » qui lui est prioritairement affecté : les vers 11 et 12 ne vont plus concerner que la Prostituée -devenue semblable à la femme de Loth transformée en statue de sel pour s’être retournée vers Sodome en fuyant, sous la pulsion incompressible d’un vice qui la travaille toujours-, « en-soi » massif dont la « stérilité » et le « Vice » se sont pétrifiés dans la dureté du « sein » et du cœur (absence de « remords »), tandis que le distique final (v. 13 et 14) isole totalement par la rime et le sens ( « ceul »/ « seul » résonnent en écho à la fin des deux derniers vers) le Poète qui « fuit », pur « pour-soi » qui a pris conscience du tragique de l’existence et ne sait ni le regarder en face, ni l’affronter, ni encore moins le dépasser, « hanté » par le néant de la mort, déjà happé par l’abîme sans fond…
Quand j’ai parlé précédemment de « l’attaque du poème par une voie (et non une « voix ») négative », c’était au sens où un alpiniste « ouvre une voie » : ce trajet ascensionnel dessiné dans le versant abrupt d’une montagne, jusqu’à son sommet, qui est toute virtualité et disparait aussitôt parcouru, comme un sillage dans la mer…
Ainsi, dans « Angoisse », on peut suivre, vers après vers, la trace toute négative de cette « voie » descensionnelle : du « Je ne viens pas » du premier vers, jusqu’au « seul » final qui surplombe le gouffre, en passant par « l’incurable ennui » du premier quatrain, le « Je demande à ton lit » et « le lourd sommeil sans songes » du deuxième quatrain (je sépare à dessein la phrase en deux parties, l’on verra plus loin pourquoi), la « stérilité » du premier tercet ou encore le « aucun crime » du dernier… et bien d’autres brisées encore qui font sens pour qui sait lire les signes, et que je ne peux toutes énumérer ici sans citer pratiquement tout le poème…
Revenons sur le deuxième quatrain : en quoi le : « Je demande à ton lit » porte-t-il en lui-même la trace d’une « absence » qui imprime son sillon tout au long du poème, avant même l’évocation du « lourd sommeil sans songes » ?
Par le fait que l’emploi de « lit » est métonymique et renvoie « par ricochet » à la prostituée (qui n’est d’ailleurs guère nommée, dans tout le poème, que par le mot de « bête » au premier vers) seulement approchée à distance, avec crainte et effroi (« ô bête »), comme l’effigie « de pierre » redoutée de la divinité dressée derrière le voile de séparation, dans le Saint des Saints…
Et pourtant on pressent « la bête » mieux que si elle était nommée, trônant au milieu de sa couche (à baldaquin ?), annoncée par les « rideaux inconnus », comme la Veuve noire au milieu de sa toile (« inconnus » se rapportant par hypallage au « remords » que ne connait justement pas « celle qui est tranquille », premier titre du poème).
La « Bête » est là, qui rayonne dans le noir et attire à soi, comme un aimant la limaille, « les péchés d’un peuple » entier, repue de ses « noirs mensonges », ayant la consistance oxymorique d’un étant-absent, d’un « sein de pierre », la stabilité et l’opacité de l’en-soi que rien ne peut plus troubler ni mettre à distance de soi et qui, pour cela, ne peut avoir de « conscience » (qui est précisément cet écart de soi à soi) ni au sens psychologique, ni au sens éthique : être-néant, massif, plein de vide, sans « remords », monade sans porte ni fenêtre, jouissant de la supériorité inquiétante de sa science d’outre-tombe du néant…
Mais si le « néant » sous la forme (commune aux deux êtres) de la « stérilité » a précipité (au sens chimique) et s’est opacifié en « plein d’être » chez la prostituée fossilisée, à l’opposé il a plongé le poète dans les affres du doute et de l’angoisse les plus absolus, il a « néantisé » le poète désormais « hanté » et déstabilisé par le vide mortel qui l’habite et qu’il ressent au plus fort de son être surtout dans la solitude de sa couche, la nuit…
J’ouvre une parenthèse sur ce « Vice » personnifié avec majuscule au vers 9 : ne pourrait-on y voir la métonymie de la syphilis (relation de cause à effet entre la luxure et le mal napolitain), mal du siècle qui frappa Maupassant, Baudelaire, Verlaine, et tant d’autres (Nietzsche aussi), entraînant des lésions et des altérations irréversibles de toutes sortes, physiques, psychologiques, neurologiques, jusqu’à l’aphasie, suprême « stérilité » de la parole ?
Mallarmé, de complexion fragile, ne fut ni « homme à femmes », ni familier des maisons closes (quoi qu’il laisse à penser ici, et malgré ses essais de poésie érotique dans le goût du temps) -reconnaissant d’ailleurs contradictoirement sa « native noblesse » (l’élection poétique ?) qui est aussi et surtout une « native faiblesse » peu résistante au « Vice » qui le « ronge » vite, et ne sachant « verser qu’un incurable ennuyeux baiser » au cours de la « triste tempête » de ses ébats amoureux-, mais le poète parle-t-il seulement en son nom, et le « Je » poétique n’est-il pas pour une bonne part, ici comme ailleurs, « un autre » ?
Je pose simplement la question …
La « stérilité » mallarméenne n’est pas sexuelle : elle aurait plutôt rapport à une certaine velléité, à une sécheresse non tant du sperme que de l’encre (et les deux ne sont sans doute pas sans lien, mis en valeur notamment dans « Don du poème »), à une impuissance de la plume et de l’écriture : c’est ce déficit de volonté (qui aurait pu donner au poème le titre d’« Aboulie »), cet état dépressif, qui empêche ici le poète d’affronter son angoisse, de sauter hardiment au-dessus du néant et d’avoir le courage de « coucher seul » sans se soucier d’aucune compagnie, surtout pas celle de la prostituée qu’il ne désire même pas et dont il éprouve seulement la crainte sacrée qu’inspire tout rapport à la monstruosité (« sacer » a le sens de « maudit » et d’ « exécrable » en latin) !
La volonté n’efface pas le néant, elle le dompte, elle empêche d’y sombrer, elle permet de « tendre des chaînes d’or d’étoile à étoile » pour danser par-dessus le vide intersidéral : à défaut de cette volonté de vivre, le poète (reflet pour une bonne part de l’humanité) est condamné, pour ne pas se laisser « ronger » par le néant qui le « hante » (et bien d’autres avec lui), à préférer vouloir le rien que de ne rien vouloir…
Que ce poème soit baudelairien de part en part, la question ne se pose pas : comme fait bien de le rappeler M. Lelong le 9 mars 2021 (heureux site où l’on peut échanger entre intervenants dans un intervalle de plusieurs années !), le titre d’origine dans le Parnasse de 1866 était « A celle qui est tranquille » -pendant du « A celle qui est trop gaie » baudelairien-, titre qui est lui-même la correction d’un premier titre jamais édité : « A une putain » (les choses sont ici on ne peut plus claires) !
De Baudelaire : la noirceur, la prostituée, l’impureté, la chevelure, le « remords », le « Vice », l’« ennui», le « crime » (qui renvoie aussi à Poe), etc.
Et pourtant certains thèmes mallarméens pointent déjà sous le mimétisme de jeunesse : c’est par l’imitation que le petit d’homme devient homme, et la poésie -tout comme la peinture par la fréquentation des musées ou la musique celle des concerts- ne s’apprend pas « dans la nature » ou « à l’écoute du cœur », mais à la lecture approfondie des… (grands) poètes.
Est-ce à dire que la poésie ne serait qu’un pur exercice de mots, une pure technique, une virtuosité qui ne renverrait à aucun « être » ? C’est là l’écueil formel où une certaine poésie risque de sombrer…
Toute la difficulté, comme pour tout « art », est de faire entendre sa voix au moyen d’une technique dont on hérite malgré soi, de la mettre à sa main, d’en faire l’outil de son propre génie, de la soumettre sans s’y soumettre, voire de la faire évoluer, de la recréer : en bref, de savoir « donner un sens plus pur aux mots de la tribu », ce qui est réservé aux meilleurs, ceux qui arrivés à la pleine maîtrise de leur art peuvent en jouer, faire des variations sur un thème, l’enrichir à l’infini en créant leur propre univers…
Et apparaissent bien ici, si l’on y regarde bien, les prémices d’une voie proprement mallarméenne : celle de la négativité au travail dans l’écriture du poème, si bien qu’« Angoisse» pourrait s’appeler « Néant »…
Il y a d’abord cette attaque du poème par la voie négative : « Je ne viens pas », ensuite ce contrepied systématique pris à des thèmes positifs traités par d’autres célèbres poètes, ses devanciers : la « triste tempête » s’oppose à la « bonne tempête » verlainienne de « Green », le « sein de pierre » qui est ici sècheresse s’oppose au « rêve de pierre » (oxymore qui évoque la stabilité d’un rêve et confère à l’évanescence la consistance de l’être) de la Beauté baudelairienne, « les cheveux impurs » n’ont plus rien des « cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues » de l’exotique Chevelure toujours baudelairienne etc., il y a encore ces mots à la résonnance plus proprement mallarméenne : la « stérilité » (qui est impuissance, difficulté à (pro)créer et dont la hantise devant la « feuille blanche » hantera durablement Mallarmé), et l’adjectif indéfini « aucun », ici pris dans son acception négative, que l’on retrouve ailleurs avec son ancien sens positif premier : « Je dis une fleur et hors de l’oubli où ma voix relègue aucun contour » (le poète ne cherche pas tant à réactiver ici un archaïsme par effet de style, qu’à évoquer le positif sous la forme du négatif)… et d’autres mots encore…
Il y a enfin dans la structure même du sonnet, et notamment dans les deux derniers tercets, une inversion de l’ordre canonique des rimes selon un nouveau schéma CDD CEE (en lieu et place du marotique CCD EED), qui isole un distique en fin de poème (EE) après l’ultime quatrain à rimes embrassées (CDDC) : Mallarmé répétera ultérieurement cette nouvelle formule rimique du sonnet sous la forme typographique de trois quatrains détachés d’un distique final.
D’aucuns y ont vu ailleurs la formulation possible d’un « faux sonnet », notamment dans « La Vie antérieure » de Baudelaire dont le distique final en rimes plates révèlerait le véritable sens du poème : l’évocation d’un « faux paradis » précisément…
Ici il s’agirait plutôt, mutatis mutandis, au travers de ce « négatif » rimique, du seul vrai thème du poème, dessiné en creux : le Néant, porteur d’angoisse…
Ainsi, « Angoisse », empreint de négativité, nous attire irrésistiblement vers le « néant » (dont l’occurrence apparait une fois au vers 8, l’un des plus beaux vers de la langue française selon Claudel : « Toi qui sur le néant en sais plus que les morts ») au travers de l’expérience vécue du non-être dans l’Angoisse…
Et de fait, ce sonnet en alexandrins, aux rimes riches, à la structure qui peut paraître au premier regard assez classique (nonobstant, comme nous l’avons vu, la structure rimique hétérodoxe du sizain final, les enjambements à répétition, et surtout le tonitruant contre-rejet « ô bête » de la fin du premier vers : étonnant ce « ô » de vénération associé à la « bête », qui fait penser à quelque culte rendu à une divinité totémique), semble réellement nous faire partager l’angoisse du poète non pas tant au travers de cette noirceur des quatrains, très belle mais qui reste descriptive et nous demeure relativement extérieure (tout le monde ne va pas voir une prostituée pour fuir la solitude), que dans l’avant-dernier vers, le premier vers du distique final justement, où le poète semble alors réellement perdre pied et littéralement s’affoler à travers cette succession d’adjectifs juxtaposés, haletants, qui nous communiquent son angoisse et justifie a posteriori le recours à la prostituée : « pâle, défait, hanté », hanté par le seul objet blanc du poème, qui n’y apporte cependant aucune lumière : le « linceul » à la blancheur blafarde de mort qui, lui, nous recouvrira tous un jour…
La Femme prostituée, la Femme-nuit, la Femme-mort pour autant que la mort puisse être personnifiée très imparfaitement (mais qui ne peut être la Femme-néant, car elle est, et le néant n’est pas), la Femme aux « cheveux impurs » dont le poète recherche la compagnie sans l’amour, est l’exact opposé de la « Fée au chapeau de clarté », de la fille aux « cheveux de soleil » d’ «Apparition » : Lilith au « sein de pierre », goule sachant le Néant (suprême sagesse ?), elle sauve le poète à son corps défendant pourrait-on dire, car elle est avant tout objet de « demande » (v. 5), objet de volonté et non de désir, raison pour laquelle l’homme préfère vouloir le Rien (vouloir coucher avec « la prostituée », « la mort », « la nuit »), qui est toujours « vouloir », que de ne rien vouloir (et « rester seul dans sa couche », c’est-à-dire « mourir » : car vouloir coucher avec la Mort, « demander le lourd sommeil sans songes », n’est pas « mourir », qui n’est plus rien vouloir du tout)…
« Dans la nuit du tombeau toi qui m’as consolé » écrit ailleurs Nerval…
Et le poème s’achève tout naturellement sur l’aveu suprême (« [la] peur de mourir lorsque je couche seul » : « seul », monosyllabe final qui tombe comme un couperet) qui en délivre tout le sens et au-delà duquel le poète ne peut plus rien dire : Mallarmé a pu évoquer par des images éblouissantes la lumière sur la lumière dans « Apparition », il a pu aussi décrire la nuit de la nuit qui est « l’incurable ennui », le « sommeil sans songes », « les rideaux inconnus du remords » etc., mais le Néant (comme l’Etre, qui n’est rien d’étant), ne peut être imaginé (mis en images), seulement représenté, approché indirectement, par ricochet, par reflet ou réminiscence douloureuse, pressenti dans l’ennui, ressenti dans l’angoisse et le silence meurtrier de la solitude, car si l’Etre trop proche de nous (« plus proche que la veine jugulaire ») nous éblouit par sa proximité, le Néant, lui, n’est tout simplement pas…
ce poème est selon moi un véritable chant de désespoir que Mallarmé nous envoie. Lui face à un ennemi auquel on ne peut point lutter ( » je ne viens pas ce soir vaincre ton corps »), il ne peut que le supplier (« je demande »). Par la justesse de ses mots et de ses vers Mallarmé retranscrit cette angoisse si typique de la poésie maudite, si Musset parle de mal de vivre et Baudelaire de spleen, Mallarmé convoque l’angoisse, rongeant le poète de tout son être. De plus, ce poème a contrario d’autres ne dégage pas une forme hermétique, et est à la croisé entre romantisme ( Il y a un air de Nerval dans ce poème selon moi) et le symbolisme.
En somme, Mallarmé est un pur géni poétique dont les vers parcourent deux cents automnes après notre être tout entier.
Perso je pense que la véritable phrase qui éclaire ce texte est la dernière : « Ayant peur de mourir lorsque je couche seul » et même au-delà de la phrase c’est « lorsque je couche seul »
Stylé
Une écriture très poignante, cela devait susciter à l’époque une énorme clairvoyance. Un des plus grands poète sans aucun doute. Mon mentor arrive à point.
Ce poème est très bien réussit !
J’avais une certaine gêne à évoquer franchement sans detour la situation à savoir la rencontre d’une prostituée et tout le cortège psychologique accompagnant la pensée de l’homme. Merci Mr laouer Kamel pour ce franc parler.
Un poème d’allure encore très baudelairienne. D’ailleurs, le titre d’origine, à sa parution dans le Parnasse contemporain, était « A celle qui est tranquille », imité de « A celle qui est trop gaie » de Baudelaire. Bien plus tard, au cours d’autres parutions, Mallarmé utilisa le titre que nous connaissons: « Angoisse », dans le but d’en faire disparaitre le « baudelairisme ».
Le poème de Mallarmé répond habilement à l’éloquence de son titre, l’angoisse. Il voudrait en effet fuir les forfaits que l’angoisse pourrait lui causer. L’angoisse est personnifiée comme une femme car elle nous ouvre inéluctablement ses bras après être fautif. Le premier quatrin plante le décor sur la fuite et même le dédain et la méprise de ce vil sentiment qui hante l’homme et le culpabilise plus qu’il en est fautif. Une fois qu’on a fait un baiser à l’angoisse, c’est-à-dire l’approcher on est dans « l’incurable ennui » qui conduit à la mort. Le second quatrin témoigne également de cette imposture que constitue l’angoisse lorsqu’on en est habité, en deculpant dans notre esprit des noires idées qui peuvent entrainer au forfait suprême, la mort.
Les derniers tercets de ce sonnet traduisent enfin l’insensibilité de ce sentiment face effectivement à ces forfaits qu’il cause aux hommes, voir « sein de pierre « , « la dent d’aucun crime ne blesse ». Le « coeur » est ici l’evocation du siège des sentiments, cependant que l’angoisse n’a pas.
Mallarmé pour finir fait la rhétorique de l’angoisse de l’angoisse. Il a peur ou redoute de tomber dans l’angoisse. Toute chose qui montre qu’il est angoissé. Mais la conséquence suprême qu’il fuit davantage et que l’angoisse cause est sans conteste la mort.
Poésie qui me parle de trop. Combien de fois où l’on analyse sa vie, entre regrets d’avoir mal fait et remords d’avoir pas fait. Et le temps mortel à vieillir ne sert qu’à nous culpabiliser, plus fort le soir venu. Pareil à s’égarer dans des choix on en oublie de vivre, c’est seulement lorsque les rides de chagrin nous narguent à la figure de ne pas avoir connu la chance de rire à notre enfant.
En dehors du thème, ce sont les allitérations remarquables de Mallarmé qui me seduisent.
Poème d’une force incroyable enveloppé dans tant de fragilité. Tous les mots font mal, tous les mots blessent… comme ces heures qui passent et dont la dernière tue.
Dialogue entre un poete et une prostitué. Chacun a sa stérilité, chacun a son vice.
Je pense qu’il parle de lui même. Son angoisse, c’est son impotence, ses remords, sa chaire désincarnée contre laquelle il n’arrive pas à lutter. Son calvaire cesse quand il s’endort, tellement exténué qu’ il a un sommeil sans rêve. Il ne parle pas d’une femme mais de lui-même, du poids de son existence dont il ne trouve pas le sens.
Mallarmé n’aimait pas que l’on comprenne ses poèmes, tout comme moi 😉
Il parle d’une prostituée. Il a le vice en lui et ne peut s’en défaire. Même s’il est sans illusion et empli de dégout envers lui même, il la rejoint. Inconsciemment c’est effectivement la mort qu’il fuit. Il croie que faire l’amour, c’est donner la vie. Mais il est en fait faussement inconscient. Il sait qu’il se trompe lui même. Il est maintenu dans un cercle infernal par la peur. Il s’est enfermé lui même dans une fausse logique …mortifère.
La mort est comparée à une femme. Une femme qu’on n’aime pas. Mais une femme qu’on est obligé de baiser, de coucher avec. Une femme qu’on affrontera quand même. Tout ça angoisse notre existence.
Je pense tout simplement que Mallarmé fais une evocation de la mort, les termes comme « sein de pierre » sont juste la pour personifié la mort.
Je ne vois pas d’amour dans ce poeme.
Tout d’abord il s’adresse a la femme en l’appelant par un nom qui n’a rien de tendre : « o bete »
Il ne recherche aupres d’elle ni tendresse, ni amour, ni meme le plaisir « Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps » (autrement dit je ne viens pas ce soir te faire l’amour)
Mais il ne peut dormir seul car les remords et la honte le poursuivent dans sa solitude. Il ne vient chercher dans le lit de cette femme au coeur de pierre qu’un sommeil qui le fera echapper a ses angoisses.
Si c’est la de l’amour, il est bien noir.
Une très belle poésie, les derniers vers sont à la fois forts et touchants, pour moi, ils montrent à quelle point la nature humaine ne peut pas être seule. L’angoisse de la mort, de la solitude, c’est ce qui fait de la vie quelque chose d’à la fois fragile et dont il faut prendre conscience afin d’en profiter.
Très belle lecture !
e hhh ben
Bonjour, je dois rendre une anthologie sur l’amour et ce poème m’intrigue: je voudrais savoir de qui il parle en employant la 2eme personne du singulier et dans quel cas il parle d’amour
Merci !
L’angoisse d’etre seul, ou l’angoisse d’être de se sentir seul ?
À jessie : un linceul est un drap dans lequelle on enveloppe les cadavres .
Très beau je découvre à l’instant. les 2 dernières lignes m’ont mis les larmes aux yeux. c’est exactement ce que je voulais lire ce soir. cette personne a simplement peur de mourir. ça l’angoisse. comme moi et comme nous tous.
Catlane … on aimerait que stéphane mallarmé continue d’écrire, seulement il est mort
Es un muy buen poema. Me ha servido sobre todo para hacer una apertura para un comentario compuesto de un spleen de Baudelaire.
Se los recomiendo mucho.
Si no conocen una palabra ¡búsquenla en un diccionario!
Después, traten porfavor de hacer un buen análisis, está fácil de comprender.
Les servirá también buscar a que corriente literaria Mallarmé pertenece, así como ciertos datos biográficos del autor.
Saludos a todos.
C’est Bien 😀 Mais Je N’ai Pas Bien Compris Certains Mots Comme « Native » Et « Linceul » Vous Pouvez M’Expliquer Svp 🙂
LE POÈME EXPLIQUE BIEN L ANGOISSE DE LA SOLITUDE ET DE SE RETROUVER SEUL A LA VEILLE DE SA MORT ET DE NE PAS AVOIR DE DESCENDANCE , moi j y pense
Les rimes sont bien trouvées, mais je ne comprend pas tout le poème -Le problème vient sûrement de moi O.O.
Sinon, en lui même, j’aime bien, surtout le dernier.
Bonne continuation =D
à kamélia: être ( ou plutôt) se dire indifférent est souvent manière de cacher sa peur… face à la vérité cg
trop dur, ça laisse la personne indifferente