A Mademoiselle Louise de Miramont
On a beaucoup cherché ce qui doit rendre heureux,
C’est souvent peu de chose;
Le bouton d’une fleur suffirait aux amoureux,
Jasmin, verveine ou rose.
Plus d’un savant docteur demande à tous les saints
Fièvre, rhume ou névrose,
Pour mieux administrer aux crédules humains
Boisson, pilule ou dose.
Maint obstiné dévot écoute avec respect
Sermon, office ou glose,
Et je sais maint curé qui se pâme à l’aspect
D’un lièvre ou d’une alose.
Coeur inconstant s’éprend de toutes les beautés,
Ninon, Lisette ou Rose;
Pauvre poète aspire à voir lus et vantés
Tous les vers qu’il compose.
Moi, je voudrais des fleurs, le soleil bienfaisant,
Un livre, vers ou prose,
Du tabac de Turquie, un ami complaisant,
Qui fume, rit et cause,
Et suivant ma pensée errante qui s’enfuit
Dans la fumée éclose,
Je laisserais passer les chagrins et l’ennui
Devant ma porte close.
Voilà, jusqu’à ce jour où s’arrêtaient mes voeux,
Ainsi l’homme propose,
Mais un chant par hasard vint me prendre aux cheveux,
Car c’est Dieu qui dispose.
Votre voix est restée attachée à mes pas,
Ce qu’on aime s’impose.
Ah! chantez le « Vallon », vous ne voudriez pas
Refuser, je suppose.
Étretat,11 mars 1871
Guy de Maupassant, Poésie Diverses
@Guy JULIEN : Je serais curieuse de connaître la raison de votre commentaire.
Erreurs techniques???
Je trouve ce poème très joli, agréable à lire, et ses défauts « techniques » lui donnent un doux parfum de modestie.