Chère âme, si l’on voit que vous plaignez tout bas
Le chagrin du poëte exilé qui vous aime,
On raillera ma peine et l’on vous dira même
Que l’amour fait souffrir, mais que l’on n’en meurt pas.
Ainsi qu’un mutilé qui survit aux combats,
L’amant désespéré qui s’en va, morne et blême,
Loin des hommes qu’il fuit et de Dieu qu’il blasphème,
N’aimerait-il pas mieux le calme du trépas ?
Chère enfant, qu’avant tout vos volontés soient faites !
Mais, comme on trouve un nid rempli d’oeufs de fauvettes,
Vous avez ramassé mon coeur sur le chemin.
Si de l’anéantir vous aviez le caprice,
Vous n’auriez qu’à fermer brusquement votre main,
– Mais vous ne voudrez pas, j’en suis sûr, qu’il périsse !
François Coppée, L’Exilée (1877)
A tous ceux qui vivent passionnément ils se reconnaissent