Non, ce n’est pas l’été, dans le jardin qui brille,
Où tu t’aimes de vivre, où tu ris, coeur d’enfant !
Où tu vas demander à quelque jeune fille,
Son bouquet frais comme elle et que rien ne défend.
Ce n’est pas aux feux blancs de l’aube qui t’éveille,
Qui rouvre à ta pensée un lumineux chemin,
Quand tu crois, aux parfums retrouvés de la veille,
Saisir déjà l’objet qui t’a dit : » A demain ! «
Non ! ce n’est pas le jour, sous le soleil d’où tombent
Les roses, les senteurs, les splendides clartés,
Les terrestres amours qui naissent et succombent,
Que tu dois me rêver pleurante à tes côtés :
C’est l’hiver, c’est le soir, près d’un feu dont la flamme
Eclaire le passé dans le fond de ton âme.
Au milieu du sommeil qui plane autour de toi,
Une forme s’élève ; elle est pâle ; c’est moi ;
C’est moi qui viens poser mon nom sur ta pensée,
Sur ton coeur étonné de me revoir encor ;
Triste, comme on est triste, a-t-on dit, dans la mort,
A se voir poursuivi par quelque âme blessée,
Vous chuchotant tout bas ce qu’elle a dû souffrir,
Qui passe et dit : » C’est vous qui m’avez fait mourir ! «
Marceline Desbordes-Valmore, Elégies
En ce temps de confinement et de détresse, en ce temps qui vous sépare de la vraie vie, voici des vers mélancoliques et si beaux dans leur langueur.
Comme cette poésie me touche, comme elle me parle, comme elle vit en moi ! Merci, c’est un jolie moment de la lire…
Muy bellisima
genial et bravooooo
Personnellement je trouve que cette poésie est très jolie mais elle est un peu longue pour l’apprendre, mais bravo !
Cette poesie est tres belle !)