Je sais rouler une amourette
En cigarette,
Je sais rouler l’or et les plats !
Et les filles dans de beaux draps !
Ne crains pas de longueurs fidèles :
Pour mules mes pieds ont des ailes ;
Voleur de nuit, hibou d’amour,
M’envole au jour.
Connais-tu Psyché? – Non ? – Mercure ?…
Cendrillon et son aventure ?
– Non ? -… Eh bien ! tout cela, c’est moi :
Nul ne me voit.
Et je te laisserais bien fraîche
Comme un petit Jésus en crèche,
Avant le rayon indiscret…
– Je suis si laid ! –
Je sais flamber en cigarette,
Une amourette,
Chiffonner et flamber les draps,
Mettre les filles dans les plats !
Tristan Corbière, Les Amours jaunes
Le cher Tristan ne s’attendait pas sans doute à se retrouver cité par Pierre Arditi dans « Mystère du vin jaune »! Délicatement – « ce n’est pas de moi » – et sans la cuistrerie d’ajouter le nom de l’auteur. « Cherchez, ou si vous l’avez reconnu retombez-lui dans les bras, il le mérite! » est sous-entendu. Merci à vous deux, j’ai 60ans de moins!