Un monde mort, immense écume de la mer,
Gouffre d’ombre stérile et de lueurs spectrales,
Jets de pics convulsifs étirés en spirales
Qui vont éperdument dans le brouillard amer.
Un ciel rugueux roulant par blocs, un âpre enfer
Où passent à plein vol les clameurs sépulcrales,
Les rires, les sanglots, les cris aigus, les râles
Qu’un vent sinistre arrache à son clairon de fer.
Sur les hauts caps branlants, rongés des flots voraces,
Se roidissent les Dieux brumeux des vieilles races,
Congelés dans leur rêve et leur lividité ;
Et les grands ours, blanchis par les neiges antiques,
Çà et là, balançant leurs cous épileptiques,
Ivres et monstrueux, bavent de volupté.
Charles Leconte de Lisle, Poèmes barbares
Très beau poème ! Les parnassiens sont trop méprisés de nos jours. Pourtant ils sont de très grands poètes. Leconte de Lisle est un fantastique animalier, José Marie Hérédia et H. de Régnier sont aussi injustement oubliés. Je suis certaine que les lycéens les apprécieraient.
Magnifique !