PLAINTE D’UN CHRETIEN SUR LES CONTRARIETES
QU’IL EPROUVE AU DEDANS DE LUI-MEME
Mon Dieu, quelle guerre cruelle !
Je trouve deux hommes en moi :
L’un veut que plein d’amour pour toi
Mon coeur te soit toujours fidèle.
L’autre à tes volontés rebelle
Me révolte contre ta loi.
L’un tout esprit, et tout céleste,
Veut qu’au ciel sans cesse attaché,
Et des biens éternels touché,
Je compte pour rien tout le reste ;
Et l’autre par son poids funeste
Me tient vers la terre penché.
Hélas ! en guerre avec moi-même,
Où pourrai-je trouver la paix ?
Je veux, et n’accomplis jamais.
Je veux, mais, ô misère extrême !
Je ne fais pas le bien que j’aime,
Et je fais le mal que je hais.
O grâce, ô rayon salutaire,
Viens me mettre avec moi d’accord ;
Et domptant par un doux effort
Cet homme qui t’est si contraire,
Fais ton esclave volontaire
De cet esclave de la mort.
Jean Racine
Magnifique, tout simplement !
Tout le problème, si bien compris par Racine en ce magnifique poème, est de faire la paix en sois même. « Heureux les pacifiques… » c.a.d. Ceux qui font la paix entre la chair et l’esprit.
Le souffle de Port-Royal passe à travers ce très beau texte de Jean Racine. La fréquentations de ces géants que sont Racine, Pascal, D’Andilly et De Sacy est à même de vivifier les intelligence encore de nos jours.
Nice !
La chrétienté est la base de la France !