Monsieur Flaubert, en ce beau jour de fête
Retrempez-vous dans l’sein d’vos amis,
Pour que d’leurs voeux, elle soit l’interprète
Ils ont fait v’nir un’ artist’ de Paris.
Monsieur Flaubert, votre patron se nomme
Saint Polycarpe, un saint bien distingué.
On dit partout que c’était un brave homme
Mais il paraît qu’il n’était pas très gai.
Il s’écriait, ce pauvre Polycarpe,
En ce bas mond’ tout va de mal en pis
Et cependant il pince de la harpe,
Tout comme un autre au sein du Paradis.
Monsieur Flaubert vous ferez d’la musique
Aussi là-haut quand vous serez péri
Car vous avez un chic ecclésiastique
A fair’ dresser les ch’veux de Jules Ferry.
En attendant coulez des jours prospères
Que mille fleurs naissent dessous vos pieds,
N’oubliez pas que Dieu dit à nos pères
Ces mots sublimes: « Croisset, multipliez. »
Rappelez-vous qu’ici-bas dans la vie
Il est bon d’faire chaque chose à son tour
Nous avons eu les enfants d’vot’génie,
Nous voulons voir les enfants d’vot’amour.
Mais dans nos voeux n’oublions pas la France,
Formons pour elle les souhaits les plus doux
N’est-elle pas notre unique espérance,
N’est-elle pas notre mère à nous tous?
Monsieur Flaubert, acceptez cette page
Où notre coeur se montre à vous sans fard.
Pour vous en faire un plus brillant hommage
On attendait Madam’ Sarah Bernardt.
N’dédaignez pas celle qui la remplace
Depuis huit jours son temps ne se passe qu’à
Faire du trapèz’, prendr’ des douch’s à la glace,
C’est vot’ servant’, c’est Madame Pasca.
Guy de Maupassant, Poésies diverses