Donne-moi tes baisers amers comme des larmes,
Le soir, quand les oiseaux s’attardent dans leurs vols.
Nos longs accouplements sans amour ont les charmes
Des rapines, l’attrait farouche des viols.
Repousse, délivrant ta haine contenue,
Le frisson de ma bouche éprise de ta chair.
Pour crier ton dégoût, dresse-toi, froide et nue,
Comme un marbre funèbre aux lueurs d’un éclair.
Tes yeux ont la splendeur auguste de l’orage…
Exhale ton mépris jusqu’en ta pâmoison,
O très chère ! — Ouvre-moi tes lèvres avec rage :
J’en boirai lentement le fiel et le poison.
J’ai l’émoi du pilleur devant un butin rare,
Pendant la nuit de fièvre où ton regard pâlit…
L’âme des conquérants, éclatante et barbare,
Chante dans mon triomphe au sortir de ton lit
Renée Vivien, Etudes et préludes
Délicieux poème d’un amour fou ! Sans doute inspiré par la sublime et sensuelle Natalie Barney, son amoureuse. Une belle histoire entre ses deux femmes exceptionnelles ainsi qu’une douce correspondance… ! Toutes les deux femmes de lettres et, surtout, libres.
Quel beau poème magnifique ! Je devais écrire sur le désir pour mon école et c’est exactement ce qu’il me fallait. Très bien constitué et en plus ça respecte les techniques de versification des poèmes: les vers sont ou des alexandrins ou des octosyllabes, les rimes son soit suivies, croisées ou encore embrassées alors c’est très bien. Rien à redire.
Je le trouve dur et pas sensuel du tout mais révèle des amours comme ça !
Magnifique
Fougueux, sensuel… la force de ces mots si bien choisis en font un très beau poeme passionnel.
Etudes et Préludes (1901)
C’est excitant et voluptueux comme écrit. J’aime beaucoup