A Madame de B***
On ne peut faire ton portrait :
Folâtre et sérieuse, agaçante et sévère,
Prudente avec l’air indiscret,
Vertueuse, coquette, à toi-même contraire,
La ressemblance échappe en rendant chaque trait.
Si l’on te peint constante, on t’aperçoit légère :
Ce n’est jamais toi qu’on a fait.
Fidèle au sentiment avec des goûts volages,
Tous les cœurs à ton char s’enchaînent tour à tour :
Tu plais aux libertins, tu captives les sages,
Tu domptes les plus fiers courages,
Tu fais l’office de l’Amour.
On croit voir cet enfant en te voyant paraître ;
Sa jeunesse, ses traits, son art,
Ses plaisirs, ses erreurs, sa malice peut-être :
Serais-tu ce dieu, par hasard ?
Voltaire
C’est un poème écrit sur un registre satirique à l’encontre de cette dame que Voltaire ne souhaite condamner ou bien en désignant cette dame comme une généralité de femmes libertines du XVIIIe.