A mon ami Abel Renault.
Le soir, quand paraît la première étoile,
Les coeurs de tous ceux qui sont morts d’amour
Viennent vers la terre et fendent le voile
Qui les cache aux yeux des vivants, le jour.
Alors, dans la nuit brune et fantastique,
Leur sang meurtri pleut et retombe en pleurs
Sur l’herbe, troublant la mélancolique
Chanson de sanglots du vent dans les fleurs.
Et les coeurs en peine, et les pauvres coeurs
Dansent dans les airs la valse mystique !…
Ils accourent tous !… le coeur du poète
Et de son amante aux yeux langoureux,
Le coeur de l’éphèbe à la blonde tête,
Le coeur torturé des vieux amoureux,
Le coeur de la vierge aimante et pudique,
Le coeur de la femme aux baisers trompeurs,
Ils accourent tous !… pris d’un nostalgique
Besoin de revoir le val des douleurs.
Et les coeurs en peine, et les pauvres coeurs
Dansent dans les airs la valse mystique ! …
Ils tournent noyés dans des flots d’extase,
Parmi des parfums lourds et capiteux
Tandis que la lune au front de topaze
Etincelle au fond du ciel nébuleux ;
Et leur tourbillon noir et magnétique
Poursuit son chemin, semant des lueurs
D’or en fusion dans la magnifique
Splendeur de l’espace aux vagues pâleurs.
Et les coeurs en peine, et les pauvres coeurs
Dansent dans les airs la valse mystique !…
Mais, sitôt que perce un clair rayon d’aube
Et qu’un chant d’oiseau bruit dans le vallon,
Leur essaim léger au loin se dérobe
Et plus rien !… alors, plaintifs, ils s’en vont,
Pour rentrer, passer sous le grand portique
D’azur diaphane enlacé de fleurs
D’opale où le Dieu calme et pacifique
Dénombre, un par un, le troupeau des coeurs.
Et le lendemain, tous les pauvres coeurs
Reviennent danser la valse mystique.
Gaston Couté
Pour Anne-Marie 🙂
Paroles de la chanson « Va Danser » (1905, Gaston Couté /Marcel Legay) chantée par Edith Piaf en 1936
Au mois d’août, en fauchant les blés,
On crevait de soif dans la plaine.
Le coeur en feu je suis allée
Boire à plat ventre à la fontaine.
L’eau froide m’a glacé les sangs
Et je meurs par ce temps d’automne
Où l’on danse devant la tonne
Durant les beaux jours finissants.
J’entends les violons,
Marie.
Va, petiote que j’aime bien.
Moi, je n’ai plus besoin de rien.
Va-t-en danser à la prairie.
J’entends les violons,
Marie.
Rentre dans la ronde gaiement
Et choisis un beau gars dans la ronde
Et donne-lui ton coeur aimant
Qui resterait seul en ce monde.
Oui, j’étais jaloux, cet été,
Quand un autre t’avait suivi
Mais on ne comprend bien la vie
Que sur le point de la quitter.
J’entends les violons,
Marie.
Va, petiote que j’aime bien.
Moi, je n’ai plus besoin de rien.
Va-t-en danser à la prairie.
J’entends les violons,
Marie.
Et plus tard, tu te marieras,
Et tant que la moisson sera haute,
Avec ton amour et deux bras,
Moissonnant un jour côte à côte,
Vous viendrez peut-être à parler,
Émus de pitié, graves et sobres,
D’un gars qui mourut en octobre,
D’un mal pris en fauchant les blés.
J’entends les violons,
Marie.
Va, petiote que j’aime bien.
Moi, je n’ai plus besoin de rien.
Va-t-en danser à la prairie.
J’entends les violons,
Marie.
Je cherche le poème qui dit « Marie, vas donc danser dans la prairie, toi petite que j’aimais tant… »
Dans cette valse là ! Les mots ne sont que maux… on ramène sa peine du ciel à un tombeau. Une étoile éternelle fait ronde à son ruisseau, l’Azur lui rappel que la gloire reste en haut. Triste danse des amours, qui danseront autour!