La cuisine

Albert Samain

Dans la cuisine où flotte une senteur de thym,
Au retour du marché, comme un soir de butin,
S’entassent pêle-mêle avec les lourdes viandes
Les poireaux, les radis, les oignons en guirlandes,
Les grands choux violets, le rouge potiron,
La tomate vernie et le pâle citron.
Comme un grand cerf-volant la raie énorme et plate
Gît fouillée au couteau, d’une plaie écarlate.
Un lièvre au poil rougi traîne sur les pavés
Avec des yeux pareils à des raisins crevés.
D’un tas d’huîtres vidé d’un panier couvert d’algues
Monte l’odeur du large et la fraîcheur des vagues.
Les cailles, les perdreaux au doux ventre ardoisé
Laissent, du sang au bec, pendre leur cou brisé ;
C’est un étal vibrant de fruits verts, de légumes,
De nacre, d’argent clair, d’écailles et de plumes.
Un tronçon de saumon saigne et, vivant encor,
Un grand homard de bronze, acheté sur le port,
Parmi la victuaille au hasard entassée,
Agite, agonisant, une antenne cassée.

Albert Samain, Le chariot d’or

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5 commentaires sur “La cuisine”

  1. schelsohn

    dit :

    Pour moi aussi, c’est le souvenir heureux de l’école primaire qui ressurgit. On entraînait la mémoire alors et c’est à bientôt quatre-vingts ans la certitude que nos instits préparaient l’avenir, le nôtre et celui du pays, mais encore ils donnaient le goût à plus d’un de la poésie toute simple. Alors, plus grands, on irait peut-être un peu plus loin que nos aînés, ayant eu le goût formé à l’école de la République.

  2. Kadidja

    dit :

    Moi j’ai un peu de mal à apprendre le poème mais il n’est pas si difficile

  3. hay pierre

    dit :

    C’est fabuleux

  4. elisa bertrand

    dit :

    J’en ai l’eau à la bouche

  5. panechou

    dit :

    ce poème réveille en moi les souvenirs heureux de mes
    premières années d’école

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