Ma fille, laisse là ton aiguille et ta laine ;
Le maître va rentrer ; sur la table de chêne
Avec la nappe neuve aux plis étincelants
Mets la faïence claire et les verres brillants.
Dans la coupe arrondie à l’anse en col de cygne
Pose les fruits choisis sur des feuilles de vigne :
Les pêches que recouvre un velours vierge encor,
Et les lourds raisins bleus mêlés aux raisins d’or.
Que le pain bien coupé remplisse les corbeilles,
Et puis ferme la porte et chasse les abeilles…
Dehors le soleil brûle, et la muraille cuit.
Rapprochons les volets, faisons presque la nuit,
Afin qu’ainsi la salle, aux ténèbres plongée,
S’embaume toute aux fruits dont la table est chargée.
Maintenant, va puiser l’eau fraîche dans la cour ;
Et veille que surtout la cruche, à ton retour,
Garde longtemps glacée et lentement fondue,
Une vapeur légère à ses flancs suspendue.
Albert Samain, Au flanc du vase
Genial que de souvenirs des années 68… / en 6EME.
ô bonheur de l’enfance qui apprend à connaître les mots qui donnent un sens au quotidien. Le maître va entrer… L’attente et toute la préparation de l’accueil, la vigilance du savoir faire, l’attention délicate que l’on partage dans l’organisation du service. Tous les détails énumérés pour que la bienveillance devienne sourire de tendresse à l’égard de chacun et chacune.
J’ai appris cette poésie en 1952 en CM2 dont les premiers vers sont restés intacts dans ma mémoire. A l’époque je me représentais bien la scène de la « nappe neuve aux plis étincelants », la pénombre de la pièce, l’enfance, période de l’insouciance. Récemment j’ai entendu à la radio « Après la bataille » et « Oceano Nox » de Victor Hugo. Je me suis mise donc à rechercher les poésies de mon enfance. Magique de les retrouver sur Poetica.
Lorsque je dis ce poème que j’avais oublié, je ne peux m’empêcher de prendre l’accent provençal. Je ne sais pourquoi, on sent la Provence dans ce texte que j’avais eu du mal à apprendre.
Que c’est beau de retrouver ce poème que j’avais appris les années 80 au collège en Algérie dans un petit village, notre prof nous a fait aimer la poesie Française. Je n’ai jamais oublié ce poème.
J’aime profondément ce poème appris alors que j’étais en 5ème. Il redonnait bien l’ambiance des étės chauds de mon enfance ou pour fuir une chaleur lourde, les maisons étaient toutes fermées et plongées dans la fraîcheur toute relative de l’obscurité.
Le maître va rentrer sur la table de chêne ! Que de fou rire d’ecolière j’ai eu en récitant ce merveilleux texte qui ces derniers jours de canicule m’est revenu à la mémoire car j’y avait senti ce que peut être la chaleur de l’été et comment s’en préserver !
C’est un magnifique poème plein de douceur que j’avais appris au primaire en 1960.
Je l’ai apprise à l’école primaire et ces vers me reviennent souvent à l’esprit. Je viens de les relire et j’aime cette douceur des mots décrivant une routine quotidienne poétique.
Arriere grand’mere j’adore cette récitation que mon fils m’avait déchargée il y a longtemps. Mais je n’avais pas noté le nom de son auteur. Les poètes sont les magiciens des mots et des descriptions Un grand merci de votre envoi.
Magnifique poète, je recherche « orchestre du très haut, barde de ses louanges, » une aide aux chants d’oiseau et a Dieu.
Je rêvais de retrouver cette poésie apprise en 1949 pour la transmettre à mon petit-fils de 8 ans… cette douceur tranquille… alors
Quel beau, doux, apaisant texte si agréable à lire et dire. Merci pour ce plaisir.
M. Villand a appris cette poésie en 1950 et moi vingt ans plus tard. Je me la récite encore pour le plaisir de sa musicalité
Que de souvenirs!! je l’ai apprise à l’école primaire en… 1950… comme elle me parlait déjà!! Tous ces préparatifs pour le Maître qui va rentrer… je ne l’ai pas oubliée…