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Amourette

Pierre de Ronsard

Or que l’hiver roidit la glace épaisse,
Réchauffons-nous, ma gentille maîtresse,
Non accroupis près le foyer cendreux,
Mais aux plaisirs des combats amoureux.

Assisons-nous sur cette molle couche.
Sus ! baisez-moi, tendez-moi votre bouche,
Pressez mon col de vos bras dépliés,
Et maintenant votre mère oubliez.

Que de la dent votre tétin je morde,
Que vos cheveux fil à fil je détorde.
Il ne faut point, en si folâtres jeux,
Comme au dimanche arranger ses cheveux.

Approchez donc, tournez-moi votre joue.
Vous rougissez ? il faut que je me joue.
Vous souriez : avez-vous . point ouï
Quelque doux mot qui vous ait réjoui ?

Je vous disais que la main j’allais mettre
Sur votre sein : le voulez-vous permettre ?
Ne fuyez pas sans parler : je vois bien
A vos regards que vous le voulez bien.

Je vous connais en voyant votre mine.
Je jure Amour que vous êtes si fine,
Que pour mourir, de bouche ne diriez
Qu’on vous baisât, bien que le désiriez ;

Car toute fille, encor’ qu’elle ait envie
Du jeu d’aimer, désire être ravie.
Témoin en est Hélène, qui suivit
D’un franc vouloir Pâris, qui la ravit.

Je veux user d’une douce main-forte.
Hà ! vous tombez, vous faites jà la morte.
Hà ! quel plaisir dans le coeur je reçois !
Sans vous baiser, vous moqueriez de moi

En votre lit, quand vous seriez seulette.
Or sus ! c’est fait, ma gentille brunette.
Recommençons afin que nos beaux ans
Soient réchauffés de combats si plaisants.

PIERRE DE RONSARD (1565)

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20 commentaires sur “Amourette”

  1. Philippe

    dit :

    A noter que le verbe « baiser » n’avait pas la même signification qu’aujourd’hui.

  2. Ghilth

    dit :

    Très beau poème. Il fait rêver. Je pense que le rapport est bien consenti car la partenaire rougit et sourit.

  3. nom

    dit :

    Ce poème me mets très mal à l’aise… Je sais qu’il faut « remettre le poème dans le contexte historique » mais ce qu’il écrit Ronsard dans ce poème est aujourd’hui considéré comme un viol.

  4. lucia

    dit :

    Rapport consenti ? Mmmh… à vous de voir.

  5. Arouf

    dit :

    Cette poesie est des plus bonnes (sans mauvais jeu de mot)

  6. loulou2005

    dit :

    j’ai pris du plaisir à lire ce poème.

  7. MV.BN

    dit :

    Ce poème vient de quel recueil ?

  8. ORANGE Christian

    dit :

    Oui, Gavroche! oui, Lambert ! Mais le temps a-t-il tant changé les choses ?

  9. ORANGE Christian

    dit :

    J’ai toujours adoré Ronsard. Très moderne, très actuel. C’est du moins comment je le vois : direct et subtil à la fois.

  10. Anonimusauchocolat

    dit :

    O.O wowowowowow !! Très direct ce gars

  11. moi.

    dit :

    lourd

  12. David

    dit :

    Rêver, relire, voir et revoir, ravir, ravager, river, rassasier, rêvasser, revenir, resserrer, rester, recommencer.

  13. Gavroche

    dit :

    Ce poème aborde un aspect intéressant : le consentement muet. Je comprends ce qui est entendu par là. Cette envie indicible qu’on nous dise quoi faire, comme si dire soi même ce qu’on voulait gâcherait tout.

  14. Lambert alias Villebramar

    dit :

    Il est intéressant de comparer cette conception du rapport « implicitement consenti » bien que explicitement nié avec les discussions actuelles sur le même sujet.
    Ô tempora
    Ô mores!

  15. MACCHIA

    dit :

    Tout en délicatesse et respect de la femme aimée.
    A ravir plus d’un rêveur !

  16. toto

    dit :

    Très joli poème. Pour être heureux rien de mieux qu’une jolie fille sur les genoux avec un bon verre de vin.

  17. jeune littéraire.

    dit :

    Délicieusement tourné!

  18. C’est pas « … trucs muLes » c’est « … trucs muCHe » !

    dit :

    Poème très interressant.

  19. Filou

    dit :

    Superbe, je l’ai lu à haute voix …
    Magistrale !

  20. Bidule Machin Chouette Trucs Mule

    dit :

    c’est très bien je trouve apres chacun son avis ^^

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