Dans l’encadrement clair de la grand’porte ouverte,
Que le géranium tout odorant fleurit
De son aigrette rouge et de sa feuille verte,
La glaneuse robuste apparaît, et sourit.
Debout, le buste droit, la poitrine gonflée
Du souffle que dilate et rythme le travail,
Elle attend, tout de toile et de laine habillée,
Le départ pour les champs des gens et du bétail.
Et la cour de la ferme et la longue rangée
Des bâtiments, fenils et granges, ont frémi,
Aux rustiques rumeurs dont la brise est chargée,
Par un matin joyeux d’avoir longtemps dormi.
Bonjour à toi, bonjour, à la fois semblent dire
Les blés dont la rosée achève le roui;
Et les herbes des prés que le vent fait bruire
Semblent balbutier un poème inouï.
À toi, tout le cristal dont mon eau se fait gloire,
Dit le puits. C’est pour toi, c’est pour ton riche amour,
Ô reine des moissons, que j’offre et donne à boire,
À ton homme, à ta fille, à tes fils, tout le jour.
Mais voici que soudain, frappant toutes les choses
Et les êtres qu’enchaîne encore le sommeil,
Gloire à toi, dit l’Aurore : à toi, toutes mes roses!
Femme, à toi, tout mon or, répond le grand Soleil.
Nérée Beauchemin, Patrie Intime