Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil
A des neiges d’avril qui croulent au soleil ;
Mais, ferme et d’un blanc mat, vibrant sous le zéphire,
Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un lent navire.
Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
Le courbe gracieux comme un profil d’acanthe,
Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
Tantôt le long des pins, séjour d’ombre et de paix,
Il serpente, et laissant les herbages épais
Traîner derrière lui comme une chevelure,
Il va d’une tardive et languissante allure ;
La grotte où le poète écoute ce qu’il sent,
Et la source qui pleure un éternel absent,
Lui plaisent : il y rôde ; une feuille de saule
En silence tombée effleure son épaule ;
Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,
Superbe, gouvernant du côté de l’azur,
Il choisit, pour fêter sa blancheur qu’il admire,
La place éblouissante où le soleil se mire.
Puis, quand les bords de l’eau ne se distinguent plus,
A l’heure où toute forme est un spectre confus,
Où l’horizon brunit, rayé d’un long trait rouge,
Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,
Que les rainettes font dans l’air serein leur bruit
Et que la luciole au clair de lune luit,
L’oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète
La splendeur d’une nuit lactée et violette,
Comme un vase d’argent parmi des diamants,
Dort, la tête sous l’aile, entre deux firmaments.
René-François Sully Prudhomme, Les solitudes
J’ai appris ce poème à l’âge de 8 ans… pour le réciter devant toute la classe, c’était vraiment trop dur, mais aujourd’hui je suis heureuse de le retrouver.
Jolie poésie qui ne me quitte pas depuis mon enfance.
Trés bien pour mon devoir.
Merci Jean VW de m’avoir fait découvrir ce beau poème à 87ans. Mon oreille de musicien l’apprécie tout autant.
J’ai appris ce poème à l’age de 12 ans. J’en ai à présent 89. Je le sais toujours par cœur. C’est une de ces rares merveilles qui m’auront accompagné toute ma vie. Après aussi ? Je ne sais !
L’avantage du « par coeur » est la disponibilité immédiate et en accord avec la situation vécue.
Imaginer au détours d’un lac, d’un étang, un cygne.
Imaginer aux bord de vos lèvres s’élever ce joli poème….
Et puis apprendre par cœur, c’est bien de le faire à son rythme.
Une phrase par jour ?
Une prase par semaine ?
Pas de pression n’est ce pas?
Nous apprenons un poème pour nous même
Pour sa beauté et peut-être aussi le plaisir de le partager
Même dans la nuit noire quand seules nos oreilles « voient »
Le plaisir
Lylou ! Déguste le cygne. Profite de cette symphonie. Je te souhaite beaucoup de bonheur. J’étais en école. Mon instituteur d’alors nous a fait lire la chose… je ne l’ai jamais oublié. A ce jour dans ma quatre vingtième année, je suis toujours ébloui. Profite ! Profite ! Lylou.
Amicalement J D.
Bonjour je m’appelle lylou et j’apprends en ce moment ce poème. Je suis en 6 ème et je trouve qu’il est très dur pour mon age. Nous devons l’apprendre par cœur. Le professeur nous fait apprendre ce poème par coeur pour jeudi. Nous sommes dimanche et nous partons lundi mardi et mercredi. La note qu’on va avoir sera sûrement pas très bonne pour toutes notre classe. Si vous êtes encore là merci d’avoir lu au-revoir.
Magnifique poème que j’ai découvert aujourd’hui…
Comment ne pas s’émouvoir devant la splendeur de ce poème qui magnifie le cygne évoluant dans l’écrin merveilleux de la nature qui se transforme en suivant la courbe du soleil… Un vrai bijou littéraire qui traduit avec noblesse et élégance les états d’âme du poète…
J’ai 84 ans et je le connais encore presque par cœur. Je l’ai appris à l’école secondaire de Bulle (en Gruyère). Lors de la clôture annuelle en 1956, un copain de classe l’a déclamé tout vētu de blanc, tandis qu’un autre élève jouait Camille St-Saens au violoncelle.
J’ai appris ce poème à 14 ans et notre professeur de français, madame Sucher, nous le faisait réciter sur une musique dont, malheureusement, je ne me rappelle plus le compositeur. C’était magnifique et 70 ans après ce poème est toujours dans ma mémoire.
C’est avec cette récitation que j’ai eu mon certificat d’études il y a 54 ans.
J’ai 91 ans et je le récite souvent depuis mes 40 ans où par Hazard je l’ai lu. C’est une prière avant de m’endormir qui aussi aide à garder de la mémoire qui hélas ne pense qu’à disparaître.
Sans bruit qu’il dit, il va en faire avec des mots pendant une plombe, et ça finit par les grenouilles!
Ivresse litteraire que ce poeme. Magnifique. A 88 ans je le savoure.
Bien
Ce magnifique poème, je l’avais oublié. J’avais 14 ans quand je devais l’apprendre, trop jeune pour comprendre la beauté. Il me revient en mémoire, je vais le relire souvent. Merci Marie.
Je vais réapprendre ce poème sublime dont je ne me souviens que de quelques vers, on dirait un voilier qui avance au gré du vent « Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un lent navire » élégant, discret et romantique, on ne s’en lasse pas tellement il est beau ! Il faut le faire apprendre à l’école.
Pour répondre à Marie, qui doit se demander pourquoi personne ne lui répond, au sujet de cet « éternel absent » que pleure la source, c’est juste une métaphore… Une généralité, que chacun peut interpréter au gré de sa sensibilité propre.
La source coule, c’est un phénomène physique concret, résultat de l’écoulement des eaux en vertu de la gravitation, après évaporation et condensation : elle n’a aucune vocation à devenir humaine, à signifier quoi que ce soit.
Mais le poète, Sully Prudhomme, qui avait l’âme chagrine et gonflée de nostalgie, regrettait dans son coeur une femme perdue… Beaucoup de ses autres poèmes en parlent, si tu cherches à les parcourir un jour.
L’ayant passionnément aimée, il prête à la source la faculté de s’émouvoir de sa tristesse, et de pleurer avec lui cette disparue. Tout lecteur qu’agite un manque, un chagrin, un espoir, peut entendre et comprendre cette image : « oui, c’est évident, la source me comprend, et pleure avec moi l’éternel absent(e) qui hélas, ne reviendra pas ! »
C’est ce qu’on appelle en termes littéraires une personnification : on prête à un objet une fonction fictive, qui n’est pas de son ressort ordinaire. Cette figure de style (parmi d’autres, riches et nombreuses) s’allie à un rythme et un choix de vocabulaire précis pour composer un tableau, une harmonie dont on peut (ou pas) ressentir le charme…
Moi, c’est ce poème, découvert il y a maintenant trois ans, qui m’a donné envie de découvrir son auteur. Et comme il m’a séduit, par son talent, sa modestie et l’oubli invraisemblable dans lequel il gît aujourd’hui, je prépare sur lui aujourd’hui un livre, destiné à le faire redécouvrir à nos contemporains.
Puisses-tu le lire un jour.
Je l’ai appris à l’école quand j’avais douze ans. Soixante-six ans plus tard, je n’en ai oublié aucun mot! Mon poème préféré !
Je l’ai récité à un concours de diction à Lambersart en 1967, il m’a porté chance, j’ai gagné un dictionnaire ! C’est un très beau texte, que je viens de retrouver, pour mon plus grand plaisir.
J’aime bien ce poème mais je ne comprends pas tout . Que veut dire « la source qui pleure un éternel absent »? Qui est cet absent?
J’aime bien ce poème, c’est tout ce que j’ai à dire.
J’adore le reciter lentement en ecoutant « Le cygne » du carnaval des animaux, de Camille Saint Saens, Avec la musique duquel ce poeme s’accorde …magnifiquement.
Puni par le proviseur, en 1958 j’ai eu 1 heure pour l’apprendre, au bout de l’heure impossible d’en sortir un mot.
aujourd’hui il me revient à l’esprit seulement le nom du poète.
C’est mon poème préféré, dommage que l’on dégoûte de la poésie les jeunes en voulant leur faire apprendre par cœur. Le « par cœur » est idiot, un poème ça se lit et ça s’apprécie de cette façon…
Comme Nicole j’ai appris ce merveilleux poème au secondaire et je le sais encore par coeur.
Je hais ce poème. Ma mère me faisait monter sur la table pour le déclamer et depuis je suis traumatisé.
Magnifique poème que j’ai appris en 1959, alors que j’avais 14 ans. Il m’a tant touchée. Merci!
Je dois actuellement apprendre ce poème et je peux vous dire que je ne l’apprécie pas beaucoup…
J’ai 78 ans. C’est un merveilleux poème que je ne me lasse pas de réapprendre encore et encore.
Superbe! J’adore les alexandrins. C’est ma mère qui est en EHPAD qui m’en a parlé. Je vais lui lire pour lui rafraîchir la mémoire.
J’ai appris ce poème en CM2. C’est une splendeur de beauté. Evocation, choix des mots, majesté sereine de l’alexandrin. J’ai 82 ans et je veux le faire apprendre à ma petite-fille de 8 ans. Je m’arrêterai à « Et glisse » . Admirable.
J’ai du l’apprendre par cœur en 10ieme année d’école, au Québec, Canada, j’ai maintenant 72 et je le sais toujours. C’est un poème qui chante la beauté du signe et on peut tout à fait imaginer l’oiseau en lisant ce poème.
Plein d’elegance
Magnifique