Je n’étais qu’une plante inutile, un roseau.
Aussi je végétais, si frêle, qu’un oiseau
En se posant sur moi pouvait briser ma vie.
Maintenant je suis flûte et l’on me porte envie.
Car un vieux vagabond, voyant que je pleurais,
Un matin en passant m’arracha du marais,
De mon coeur, qu’il vida, fit un tuyau sonore,
Le mit sécher un an, puis, le perçant encore,
Il y fixa la gamme avec huit trous égaux ;
Et depuis, quand sa lèvre aux souffles musicaux
Éveille les chansons au creux de mon silence,
Je tressaille, je vibre, et la note s’élance ;
Le chapelet des sons va s’égrenant dans l’air ;
On dirait le babil d’une source au flot clair ;
Et dans ce flot chantant qu’un vague écho répète
Je sais noyer le coeur de l’homme et de la bête.
Jean Richepin, La chanson des gueux
Pas mal ce site, je le conseillerais à mes profs et à mes potos pour le français. Merci qui ? merci poetica !!
A lui seul ce poème peut en quelques vers et quelques mots faire vivre un instrument qui nous accompagne et nous réjouit au fil des saisons et des jours. Merci à Jean Richepin d’avoir à la façon d’un conte donné vie à une simple flûte…