L’oiseau vigilant nous réveille ;
Et ses chants redoublés semblent chasser la nuit :
Jésus se fait entendre à l’âme qui sommeille,
Et l’appelle à la vie, où son jour nous conduit.
« Quittez, dit-il, la couche oisive
Où vous ensevelit une molle langueur :
Sobres, chastes et purs, l’œil et l’âme attentive,
Veillez : je suis tout proche, et frappe à votre cœur. »
Ouvrons donc l’œil à sa lumière,
Levons vers ce Sauveur et nos mains et nos yeux,
Pleurons et gémissons : une ardente prière
Écarte le sommeil, et pénètre les cieux.
Ô Christ, ô soleil de justice !
De nos cœurs endurcis romps l’assoupissement ;
Dissipe l’ombre épaisse où les plonge le vice,
Et que ton divin jour y brille à tout moment !
Gloire à toi, Trinité profonde,
Père, Fils, Esprit-Saint : qu’on t’adore toujours,
Tant que l’astre des temps éclairera le monde,
Et quand les siècles même auront fini leur cours !
Jean Racine, Lettre à Mademoiselle Vitart