Tout est muet, l’oiseau ne jette plus ses cris.
La morne plaine est blanche au loin sous le ciel gris.
Seuls, les grands corbeaux noirs, qui vont cherchant leurs proies,
Fouillent du bec la neige et tachent sa pâleur.
Voilà qu’à l’horizon s’élève une clameur ;
Elle approche, elle vient, c’est la tribu des oies.
Ainsi qu’un trait lancé, toutes, le cou tendu,
Allant toujours plus vite, en leur vol éperdu,
Passent, fouettant le vent de leur aile sifflante.
Le guide qui conduit ces pèlerins des airs
Delà les océans, les bois et les déserts,
Comme pour exciter leur allure trop lente,
De moment en moment jette son cri perçant.
Comme un double ruban la caravane ondoie,
Bruit étrangement, et par le ciel déploie
Son grand triangle ailé qui va s’élargissant.
Mais leurs frères captifs répandus dans la plaine,
Engourdis par le froid, cheminent gravement.
Un enfant en haillons en sifflant les promène,
Comme de lourds vaisseaux balancés lentement.
Ils entendent le cri de la tribu qui passe,
Ils érigent leur tête ; et regardant s’enfuir
Les libres voyageurs au travers de l’espace,
Les captifs tout à coup se lèvent pour partir.
Ils agitent en vain leurs ailes impuissantes,
Et, dressés sur leurs pieds, sentent confusément,
A cet appel errant se lever grandissantes
La liberté première au fond du coeur dormant,
La fièvre de l’espace et des tièdes rivages.
Dans les champs pleins de neige ils courent effarés,
Et jetant par le ciel des cris désespérés
Ils répondent longtemps à leurs frères sauvages.
Guy de Maupassant, Des vers
C’est vrai que ce poème est triste mais émouvant. Il est tellement suggestif que l’on voit les oies sauvages voler dans le ciel.
Ce poème est très touchant. J’ai l’impression de les voir, ces oies en V haut dans le ciel et les oies domestiques, au sol, s’agiter sans que leur maître puisse les comprendre. C’est assez génial de les comparer à leurs libres cousines sauvages. Même si je sais très bien que les oies domestiques ne peuvent pas survivre sans l’Homme, cet appel de la liberté reste bouleversant et désespérant.
Bien les commentaires mais avec toutes ces fautes d’orthographe. C’est affligeant ! Dommage.
Je me souviens, enfant, avoir déclamé cette poésie qui avait déclenché l’ironie de ma professeure jugeant mon interprétation trop dramatique. Elle n’avait pas compris le pathétique de cette poésie qui dépeint la souffrance des animaux de basse-cour. Je pense aussi à la souffrance de l’oie sauvage qui, par accident, est condamnée à vivre dans la basse-cour et cherche désespérément un nouvel envol.
Chaque fois qu’un ami me parle de son voyage à venir, je lui dis que son message m’a rappelé le poème de Maupassant « Les oies sauvages », que je me suis senti comme une de ces oies domestiques… puis, les maux passant, je reviens à ma vie ordinaire ou plutôt à l’anormal… Vite! Partez! Il est encore temps!
Comme c’est triste! Je ne le savait pas.
Oui en plus des nouvelles dramatiques (le petit fût) et des roman qui se finissent bien, assez rares chez Maupassant, (le papa de Simon), il fait des poèmes. C’est bien dommage qu’il soi mort de folie.
c est un manifique poeme
comme tout les autres d ailleur