Il faut laisser maisons et vergers et jardins,
Vaisselles et vaisseaux que l’artisan burine,
Et chanter son obsèque en la façon du cygne,
Qui chante son trépas sur les bords méandrins.
C’est fait j’ai dévidé le cours de mes destins,
J’ai vécu, j’ai rendu mon nom assez insigne,
Ma plume vole au ciel pour être quelque signe
Loin des appas mondains qui trompent les plus fins.
Heureux qui ne fut onc, plus heureux qui retourne
En rien comme il était, plus heureux qui séjourne
D’homme fait nouvel ange auprès de Jésus-Christ,
Laissant pourrir çà-bas sa dépouille de boue
Dont le sort, la fortune, et le destin se joue,
Franc des liens du corps pour n’être qu’un esprit.
Pierre de Ronsard, Derniers vers
Quelle sagesse ! Ronsard, poète exceptionnel, a toujours su aller à l’essentiel et donc à l’universel ! C’est pourquoi il nous bouleverse tant et continuera de fasciner les hommes pendant des siècles. Quelle chance de pouvoir le lire et s’inspirer de ces vers !
J’adore !