Ô belle sauge, quel émoi
Épanouit, gonfle, dilate
Le cœur de ta fleur écarlate ?
Sauge vermeille, dis-le-moi.
Quel soleil, toi qui, si petite,
Souriais à peine, à travers
Le voile à jour des gazons verts,
Te fit grande et fière, si vite ?
Saugette, garde le secret
De ta merveilleuse légende ;
Ne réponds pas à ma demande.
Pardonne-moi d’être indiscret.
Laisse-moi, sur un fil de lyre,
Fleur de miracle, transposer
En rythmes doux comme un baiser,
Ce qu’un livre d’or m’a fait lire.
Or, en un grand désert, là-bas,
Une pauvre femme inconnue,
Tomba sur une fleur menue,
Avec un enfant dans les bras.
Cette humble femme, on le devine,
Qui cachait l’enfant dans son sein,
Et que poursuivait l’assassin,
Oh ! c’était la Mère divine.
Sauve-nous ! Sauve-nous tous deux !
Sauve au moins l’Enfant que je porte.
Ta feuille est petite. Qu’importe !
Jésus le veut et je le veux.
Et soudain, la peur, ô merveille,
Transformée en buissons touffus,
Devint pour Marie et Jésus,
Une cachette sans pareille.
Belle sauge, ce sont les pleurs
De la Vierge qui t’ont sacrée
Toi la sainte, la vénérée,
Et la plus pieuse des fleurs.
Nérée Beauchemin, Patrie Intime