Toute aube est neuve. En chaque ciel.
Et chaque émoi est né premier.
Et ne se sait vague éternelle.
Montant. Sans fin recommencée.
Il n’est d’usure.
Or moi qui dure,
que mon regard parfois s’ennuie !
*
Le vent peut user les rochers.
Tout leurre est neuf. Lui viennent des ailes.
Comme à chanson du mois de mai.
Et ne se sait souffle éternel
où tout expire. Et se refait.
Il n’est d’usure.
Or moi qui dure,
que mon regard parfois s’ennuie !
*
Le temps usera les pavés.
Tout être est neuf. Unique objet.
En son château ou sa venelle.
À chaque pas, pensant créer,
rejouera cirque éternel.
Il n’est d’usure.
Or moi qui dure,
Que mon regard parfois s’ennuie !
Esther Granek, De la pensée aux mots, 1997