Cette verrière a vu dames et hauts barons
Étincelants d’azur, d’or, de flamme et de nacre,
Incliner, sous la dextre auguste qui consacre,
L’orgueil de leurs cimiers et de leurs chaperons ;
Lorsqu’ils allaient, au bruit du cor ou des clairons,
Ayant le glaive au poing, le gerfaut ou le sacre,
Vers la plaine ou le bois, Byzance ou Saint-Jean d’Acre,
Partir pour la croisade ou le vol des hérons.
Aujourd’hui, les seigneurs auprès des châtelaines,
Avec le lévrier à leurs longues poulaines,
S’allongent aux carreaux de marbre blanc et noir ;
Ils gisent là sans voix, sans geste et sans ouïe,
Et de leurs yeux de pierre ils regardent sans voir
La rose du vitrail toujours épanouie.
José-Maria de Heredia, Les Trophées
Magnifique poème que j’ai appris à l’école élémentaire et dont j’avais perdu quelques phrases. Merci de me l’avoir fait récupérer.
Je suis très heureuse de voir en avril 2024 que le jeune Boubacar a appris ce poème en 5ème, fût-ce il y a quelques années. Il y a encore l’apprentissage de poèmes par coeur et celui-ci est fort ambitieux. J’avais appris ‘Comme un vol de gerfauts…’ et me laisse toujours griser par le logos de Heredia qui aimait particulièrement cet oiseau que l’on retrouve ici.
Merci pour vos commentaires.
Ce poème comme quasiment tous les sonnets de José-Maria de Heredia est extrêmement travaillé. Tout y est ! – la rime – le rythme – riche vocabulaire – et un second tercet qui clôt en apothéose ce magnifique poème.
Il n’y a pas qu’internet, il y a aussi les dictionnaires …
« Sacre : de l’arabe « çaqr », oiseau de proie du genre faucon dont le plumage brun et noir a beaucoup d’analogie avec celui du milan ( le mâle se nomme sacret et, comme dans tous les oiseaux de proie, est plus petit que la femelle) »…
Extrait de « Larousse du XXème siècle en 6 volumes.
Gerfaut, sacre : on est dans le registre de la chasse « au vol », la fauconnerie…
Admirable poème que l’on peut se réciter devant chaque gisant abrité par une vieille église gothique. Mélange de nostalgie, mais aussi méditation sur la vanité de l’existence…
Le sacre ce n’est pas le poing nu mais un rapace utilisé pour la chasse au vol (Source Littré)
J’aime ce poème qui sonne comme une pièce de théâtre. Je l’ai appris en 5eme. De plus le nom de l’auteur est très »classe ».
Ce poème est très dur à apprendre en 1h. Je trouve que c’est vraiment compliqué à comprendre aussi.
« Ayant le glaive au poing, le gerfaut ou le sacre »
Il faut comprendre :
avoir le glaive au poing : tenir l’épée, combattre avec l’épée
avoir le gerfaut au poing : tenir son faucon, pratiquer la fauconnerie
avoir le sacre au poing : se battre à mains nues et sans armures
Je viens d’apprendre ce poème avec ma class de 5eme.
J’ai voulu retrouver ce magnifique poème appris en primaire… Quelques mots me revenaient… Verrière, dames, haut barons étincelants… Mais, si les mots me manquaient, le rythme résonnait comme une musique envoûtante… Ensorcelante.
J’ai récité ce poème au certificat d’étude en 1966.
J’avais souvenir des derniers vers et en le relisant je découvre et comprends mieux pourquoi il est intitulé vitrail. Première strophe qui fait référence au sacre des rois sous le vitrail, celui très probable d’une cathédrale, puis deuxième strophe qui fait référence à leur combat, croisade ou chasse et enfin dernière strophe qui les voient reposants gisants dans un tombeau dans cette même cathédrale d’où Ils regardent sans voir le vitrail en forme de rose épanouie. Vie et mort des rois sous l’or d’un vitrail en forme de rose.
j’aime ce poème mais je ne comprends pas le mot « sacre » au sixième vers. S’agit-il d’un oiseau ?
Je ne comprends pas tout de ce que ce poème raconte, mais je le trouve vraiment très joli. En le récitant je trouve qu’il y a tout ce dont il faut avoir dans un poème.
Ce poème est très beau et très relaxant.
L’auteur a mis dix ans pour composer chaque poème pour rechercher la perfection absolue
J’ai découvert ce poème en classe de 1ère en 1972, je me souviens encore de certains vers ! En le relisant, j’apprécie le contraste entre les couleurs, les bruits, les mouvements des 2 premières strophes, parfaitement décrits, et le silence et l’immobilité des 2 dernières.