Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l’âpre sommet que le couchant allume ;
Au loin, brillante encor par sa barre d’écume,
La mer sans fin commence où la terre finit.
A mes pieds c’est la nuit, le silence. Le nid
Se tait, l’homme est rentré sous le chaume qui fume.
Seul, l’Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l’Océan s’unit.
Alors, comme du fond d’un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.
L’horizon tout entier s’enveloppe dans l’ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d’or de son rouge éventail.
José-Maria de Heredia, Les Trophées
J’ai 81 ans, et ce poème m’avait tellement touchée il y a 70 ans, ma petite fille de 12 ans vient de me réciter « Le Buffet » d’Arthur Rimbaud, et cela m’a immédiatement replongée dans cette atmosphère si spéciale, qui était à l’époque le devoir absolu d’apprendre « les récitations » par coeur bien sûr, mais en y mettant le ton, les mains croisées dans le dos, debout sur l’estrade, si fière d’avoir pu réciter jusqu’au bout et annoncer « José Maria De Hérédia » . Je le retiendrai toute ma vie.
J’ai appris et apprécié ce texte en cinquième et celui-ci est resté dans ma mémoire jusqu’à ce que j’habite près d’un champ où poussent des ajoncs. Je me suis surpris à dire à haute voix :
« Les ajoncs éclatants parure du granit… »
Alors j’ai cherché sur Google et j’ai atterri sur cette page. J’ai réalisé à quel point la poésie rejoint la musique car dire « ces ajoncs éclatants » sans émettre le Z de la liaison ce serait priver ces vers de leur substance. Moins heureux est ce « nid » suspendu en apesanteur mais on se doute que le poète a voulu qu’il rime avec la phrase précédente alors on lui pardonne .
Je viens de l’apprendre, je l’aime beaucoup autant que « les conquérants ». du même auteur.
Je ne serai pas différente des autres personnes qui se sont exprimées ! Je récite toujours cette merveille 70 ans plus tard sous les yeux ébahis de mes petits enfants, qui, hélas n’apprennent plus de poésie !
Les ajoncs éclatants… je les ai découverts, appris, re appris à l’école primaire. Mon instit, ma mère, les aimait tant que j’en garde la mémoire 70 ans après ! De grace, ne décortiquons pas les beaux textes! Ils sont BEAUX, on les aime, c’est tout.
Je suis un élève je l’utilise pour faire mon devoir
Dans ce beau poême qui me lance dans l’envie de sa mémorisation afin de vieillir pieu à égrainer ses vers, j’accroche avec celui qui nous dit « A mes pieds c’est la nuit, le silence. Le nid
Se tait, l’homme est rentré sous le chaume qui fume. ». Je n’ai pas saisi le désir de José et même je me surprends à penser maladresse dans ce nid suspendu et les mots ânonnés, alors par prétention voici ce que je lui proposerais:
« A mes pieds, du silence la nuit se saisit,
et las, l’homme est rentré sous le chaume qui fume. »
…
J’aurais aimé qu’il m’explique et me dise… mais au loin j’entends « La plainte du refrain de l’ancienne clameur ».
Merci M.Heredia.
Quand je lis ce poème, je ne peux m’empêcher de penser que Léo s’en ai inspiré pour son titre « la mémoire et la Mer ».
Magnifique en tout cas.
C’est en Cm2 que j’ai appris ce poème, il y a de cela 53 ans et je m’en souviens encore tant je l’avais aimé.
Hérédia, un maître de la poésie, un diamantaire ! Ce sonnet-ci est parfait, mais celui qui me fait rêver avec encore plus de profondeur, de mystère, de somptuosité, c’est « Les conquérants »….
Comme d’autres surement j’ai appris ce poeme à l’école primaire. et marchant à travers la Bretagne admirant sa mer toujours changeante toujours si instable, ce poeme d’un coup m’est revenu à la memoire et je pense que je ne l’avais jamais autant apprécié qu’en ces jours-ci. Chaque parole prend un sens bien plus aigue et ce vers :
« La mer sans fin commence ou la terre fini »
est un des meilleurs tant on ce sens perdu devant cet infini dont on sait plus où sont la terre le ciel la mer.
Je suis si heureuse de pouvoir le retrouver !
Je suis au collège, je dois faire une anthologie sur la mer donc je l’ai choisie car il ma touché.
Ce poème qui traversé mon enfance merci
J’avais 8 ans lorsque j’ai appris ce poème. Cela a été un obstacle, pour la première fois je l’ai répété plus de 40 fois. J’ai 77 ans et je le récite encore par coeur. Merci, José.
Je suivais une cure thermale à Roscoff en Bretagne quand j’ai lu ce poème, imprimé sur le tapis du couloir de l’hôtel. J’ai trouvé l’idée jolie de mettre ainsi la poésie à la portée de tout un chacun. J’ai aussitôt copié ce poème demandant à la réception qui en était l’auteur et l’ai appris par cœur. Il s’applique bien à la Bretagne, à la tombée de la nuit, entre chien et loup.