La Cicatrice

Victor Hugo

Une croûte assez laide est sur la cicatrice.
Jeanne l’arrache, et saigne, et c’est là son caprice ;
Elle arrive, montrant son doigt presque en lambeau.
— J’ai, me dit-elle, ôté la peau de mon bobo. —
Je la gronde, elle pleure, et, la voyant en larmes,
Je deviens plat. — Faisons la paix, je rends les armes,
Jeanne, à condition que tu me souriras. —
Alors la douce enfant s’est jetée en mes bras,
Et m’a dit, de son air indulgent et suprême :
— Je ne me ferai plus de mal, puisque je t’aime. —
Et nous voilà contents, en ce tendre abandon,
Elle de ma clémence et moi de son pardon.

7 juillet 1875.

Victor Hugo, L’Art d’être grand-père, 1877

Imprimer ce poème

6 commentaires sur “La Cicatrice”

  1. Bultiau Stéphane

    dit :

    Un si joli poème au sujet d’un simple bobo
    Il n’y a je crois, que le grand Victor Hugo
    Pour transfigurer ainsi les petits mots de la vie
    En une leçon de mansuétude d’une morale infinie

  2. josiane froidthier

    dit :

    J’aime Victor Hugo encore plus lorsqu’il conte lui même le poème.

  3. Monica Rego

    dit :

    Que veux dire ce poème?

  4. Anonyme ;)

    dit :

    C’est un magnifique poème ! Splendide, vraiment ! Cette poésie montre toute l’adorable innocence d’un jeune enfant, ainsi que l’amour qu’ils portent pour leurs proches.

  5. PO

    dit :

    Elle de ma clémence et moi de son pardon

  6. eva

    dit :

    c’est un poème bien qui fait pleurer

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *