Sur la bruyère longue infiniment
voici le vent cornant novembre;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l’eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d’oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
– Le vent sauvage de Novembre ! –
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d’éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d’église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L’avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d’ahan,
L’avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L’avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n’en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
Emile Verhaeren
À 83 ans un lointain souvenir me reviens. Je me rappelle seulement sur la bruyère longue infiniment voici le vent, et à partir de cette strophe avec google j’ai retrouve ce magnifique poème et j’ai appris seulement à 83 ans le nom du poète trop difficile à retenir j’ai appris ce poème à l’école de garcon Toulon à Alger.
Pour ma part, un poème qui sort des lointains de ma mémoire… Appris en 1960 quand j’étais en 7e (équivalent de CM2) et dont la première strophe m’est toujours restée… C’est parce que je lis actuellement les mémoires (1939) de Stéphane Sweig , qui parle d’Émile Verhaeren, pour lequel il avait une profonde amitié, et dont il prédisait qu’il serait (malheureusement) très vite oublié…! Je vois que les collégiens, il n’y a encore pas si longtemps, apprenaient ces vers magnifiques, et ça me réjouit !
Je l’ai fait apprendre à mes élèves en cm 1, que le début, apprentissage donné en Novembre.
J’aimais beaucoup quand ils le récitaient devant la classe…
Beau souvenir mélancolique
J’ai moi aussi appris ce très beau poème à l’école primaire, en CM2 et moi aussi les trois premières strophes seulement; le reste était trop difficile. Il est resté dans ma mémoire comme la meilleure expression de cette fin d’automne froide et un peu lugubre avant l’hiver qui amène le gel mais aussi les glissades.
Mais où sont les neiges d’antan…
J’ai 91 ans, j’ai appris les trois premières strophes quand j’avais 14 ans, j’aime la fluidité de ce texte, et j ai toujours gardé en mémoire la première strophe, par plaisir je suis venue à la recherche du texte complet et je vais reprendre la mémorisation …d’une partie.
Actuellement novembre est devenu ensoleillé par le changement climatique, on a hâte à voir ce frémissement de froid fait de vent qui siffle et ramenant cette pluie qui nous arrose. L’eau qui nous donne la vie. Où est la neige, attendant décembre car tout à changé. Jolie poème d’Émile Verhaeren de mon père qu’il a appris en 1946 à l’école de garçon de Trumelet Tiaret Algérie.
J’aime l’hiver. C’est une magnifique temps de l’année. Cette poème est très, très, très bon!
Je l’ai moi-même appris, ce poème, mais en classe de 7e, soit en CM2. Mais nous n’apprenions que la 1ère partie, la 3ème et les 3 dernières lignes. Que de bons souvenirs ! Cela m’a donné le goût de la lecture que j’adore mettre en pratique, en duo, avec ma petite fille qui attend ces moments avec beaucoup « d’appetit ». Est-ce cela la transmission?
Lycée français de Madrid… Il y a si longtemps. Mais ce vent d’enfance me hurle toujours la même nostalgie au coeur.
Lecture de poème fort à propos quoique décalée par rapport à un beau soleil printanier. Un bel exemple de poésie libre.
Poème magnifique, appris en primaire, qui touche l’esprit et le coeur et qui par un tel souffle, par une si belle journée de Novembre ventée, nous renvoie par magie sur les bancs de l’école les vers martelant l’esprit.
Dedie au sud ouest. Je viens de retrouver ce poème appris en France il y a … Quel regret de n’avoir pas eu les professeurs qui etaient capables de nous ouvrir l’esprit et la curiosité a d’autres poemes et nous intéresser et a l’auteur et a son pays. Si mes souvenirs sont exacts c’etait au lycee Marie Curie a Sceaux.
Nb importante expo lui est consacree a Tournai
Une pièce classique et moderne dans son expression, du grand art qui touche la pensée, l´esprit, le coeur. Enfant l’on apprenait la première strophe les autres étant d’une trop grande difficulté. Merci Monsieur Emile Verhaeren.
Pour répondre à ta question Allouard je suis en 5eme et j’apprends actuellement ce poème donc oui.
c’est magnifique mais un peu trop long
j’ai oublié le titre de ce poème que j’ai eu bien du mal à apprendre en 1952. J’avais 10 ans.
je souhaiterai savoir si les élèves de adtuels apprenent toujours de telles poèmes
Monique