Je m’étais assis sur la cime antique
Et la vierge neige, en face des Dieux ;
Je voyais monter dans l’air pacifique
La procession des Morts glorieux.
La Terre exhalait le divin cantique
Que n’écoute plus le siècle oublieux,
Et la chaîne d’or du Zeus homérique
D’anneaux en anneaux l’unissait aux cieux.
Mais, ô Passions, noirs oiseaux de proie,
Vous avez troublé mon rêve et ma joie :
Je tombe du ciel, et n’en puis mourir !
Vos ongles sanglants ont dans mes chairs vives
Enfoncé l’angoisse avec le désir,
Et vous m’avez dit : – Il faut que tu vives. –
Charles Leconte de Lisle, Poèmes antiques
C’est facile se lasser de l’attitude si fade que les anciens sont des dieux écrivant d’un mont que les mortels modernes ne peut point monter. Certes, la muse pour Leconte n’était pas éclatant, mais j’ose dire que même les anciens n’avaient pas un talent aussi frappant que Beaudelaire !