Les voix ont disparu, qui composaient l’enfance ;
M’en reste une sonate aux timbres d’êtres chers,
Qu’en émoi je perçois par certains matins clairs,
Sursautant vaguement lors d’un rêve en souffrance.
Hélas, quand la musique à son rythme s’élance,
Je perds les sons bénis sous de superbes airs
Qui ne me parlent plus qu’au fond d’étranges mers,
Où mon esprit se noie en un épais silence.
T’ai-je perdu, beauté, dans la vague du soir,
Moi qui jusqu’au sépulcre eusse voulu te voir ?
Pourquoi n’entends-je plus ces âmes qui se cachent ?
Je voudrais percevoir leurs chants et les pleurer
Tant, au miroir, je sens leur souffle qui m’attache
A l’espoir d’un retour : Beauté, viens t’y mirer !
Jean-Charles Dorge