En gris

Esther Granek

L’homme est né de la terre,
à la terre s’en retourne
et redevient poussière.
Ainsi les choses tournent.
*
Or, pour son plus grand bien,
la nature a prévu
qu’avant de n’être plus,
gris-poussière l’homme devint.
*
Car si l’heureux destin
lui prête longue vie,
tout en l’homme devient gris,
cheveu, poil, oeil et teint.
*
Ainsi, du grand passage
s’amoindrit le dommage.
C’est douce préparation,
qu’on la camoufle ou non.
*
Et grisâtres mouvements
et grisâtres pensées
et grisâtres vêtements
déjà l’ont imprégné.
*
Dans cette brume uniforme
tous les vieux ont même forme
comme antiques tapisseries
tournant toutes au même gris.
*
Ainsi, du grand passage
s’amoindrit le dommage…

Esther Granek, Ballades et réflexions à ma façon, 1978

Imprimer ce poème

1 commentaires sur “En gris”

  1. Paloulou

    dit :

    Il est 7h06.
    Dans un train pour Paris.
    Je traverse un matin gris.
    Je suis gris.
    Les mots d’Esther
    Nourrissent mes rêves gris.
    Pour ses vers.
    Un grand merci.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *