Fatiguée, je suis fatiguée.
Blasée de textes, de sons, de mots.
Comme pour me droguer je vais me connecter sur internet.
M’emmêler un instant dans mes filets, c’est tout ce que je souhaite…
Alors permets-moi de raccrocher un instant,
permets-moi de me perdre sur l’écran.
C’est dans une ville où l’air est suffoquant
que je voudrais laisser se reposer un souvenir vivant.
Autrefois, j’allais en chercher dans le vide des églises.
Dans le silence, sans sonneries, sans écrans.
Aux yeux rafraîchis, mon âme résista à l’appel
d’autres slogans.
Aujourd’hui, je cherche en vain une cachette pour y déposer mes expériences fânées.
De la pression, on me met, de tous les côtés – il te faut enregistrer, écrire, filmer…
Tu navigues à bord de petits bâteaux ronds dans des eaux claires
en prenant le cap de tes pensées cachées au fond d’un palais royal.
Quand tu entres dans un temple pour être originale,
il faut encore que tu sois accompagnée de quelqu’un.
L’inspiration ondule avec innocence
en allant de toi en moi.
J’ai trouvé la paix, je me suis trouvée moi-même
comme sur une surface, celle de la mer.
Eleni Cay, Frémissements d’un papillon en ère numérique, 2015
Titre original : Chrámy nedotknutých myšlienok
Traduit du slovaque par Anna Franova
Très vrai, c’est ce qui arrive aux personnes harcelées