De toi je connais le regard qu’avait ta mère quand elle te portait
Heureux et tendre, et des cernes bleutés
Sous les yeux
J’ai su qu’elle t’avait conçue
A la plénitude des seins, à la rondeur du ventre
A la nouvelle lumière de son visage
Alors nous t’avons donné un nom : Amandine
Pour que tu vives avec nous aussi longtemps que nous-mêmes
Plus longtemps certes que ta courte vie
Plus longtemps que nous-mêmes les fruits de l’amour étant de toute éternité
Nous murmurons ton nom, et nous cachant du monde nous t’appelons afin que nul n’entende
N’ayant connu de toi ni ton visage, ni tes yeux, changent ils aussi selon la lumière du jour ?
Ne connaissant de toi que le regard que tu donnas à ta mère te portant, heureux et tendre avec des cernes bleutés sous les yeux,
Que la rondeur douce de son ventre quand tu t’y blottissais, la plénitude de ses seins dans l’attente de tes lèvres
De toi ne connaissant que ton nom,
Amandine
Villebramar
Quel magnifique hommage a Amandine!
J’ai un rapport très particulier avec ce texte, car si le petit ‘Claude’, (j’ai choisi ce prénom mixte inventé pour aujourd’hui,) etait né(e) en 1971, moi, je ne serai pas née. Ma maman étant de nouveau enceinte quelques mois plus tard après avoir perdu son tout premier à quelques mois… je sais qu’elle pense parfois à cette toute première grossesse et c’est un petit peu lourd à porter pour moi. Cela n’enlève en rien, la beauté de votre poésie.
Comme c’est beau, comme ce poème me fait penser à cette petite fille que je n’ai pas connue, que nous n’évoquons jamais et que nos enfants ont appelée Suzanne. Merci.
Très émouvant
Merci pour ce magnifique poème où l’on sent tout l’amour d’un père pour sa fille disparue. Ce poème ne peut que toucher toutes les parents qui ont perdu un tout petit. Je me permets donc d’enregistrer ce très beau poème pour l’ajouter à ma collection de poèmes, en mémoire de ma petite Lucy, partie elle aussi rejoindre les étoiles avant que nous n’ayons pu la connaître.
Très, très ému par ce commentaire, un grand merci, Ghislaine.
Villebramar
Cela éveille en moi les souvenirs de ce bonheur immense, incommensurable d’être enceinte, de sentir cette petite amande grandir en soi, de cet inconnu qui va en sortir, à la fois l’impatience de tenir et chérir ce futur bébé et l’envie de prolonger cet état béni de plénitude, de bonheur absolu. Savoir qu’un homme est capable de l’exprimer lui-aussi, d’aussi belle façon, est un immense plaisir!