Dans les alvéoles de sa mémoire
La petite fille qu’elle était danse encore
A chaque battement de ses paupières
S’envolent de ses yeux des papillons bleus
Elle savait déjà tout sans vraiment le savoir
Elle a tout donné venu de son grand cœur
Des années dorées transformées en plomb
Les ailes du malheur ont fracassé les cages
Ses oiseaux se sont envolés dans son ciel
Ils pépient le soir à la margelle des pupilles
Elle a dans le cœur un cerf-volant qui poursuit
Les tendres moutons roses du ciel en rêvant
A des croisières bleues au pays du croissant
Où languide dans les saveurs ocres de l’orient
De ses mains naissent des chants de couleurs
A l’instant de rejoindre le ventre de la terre
Elle laissera ici-haut quelques traces légères
De bleu pour que les douces jacinthes des cœurs
Les océans le ciel les humains se rappellent
Que les yeux bleus sont les yeux des amoureux
Jacques Viallebesset, Extrait de Le pollen des jours. Copyright éditions le Nouvel athanor