Plus fraîche qu’un parfum d’avril après l’hiver,
L’espérance bénie arrive et nous enlace,
La menteuse éternelle, avec son rire clair
Et ses folles chansons qui s’égrènent dans l’air.
Mais comme on voit, la nuit, sous le flot noir qui passe
Glisser les pâles feux des étoiles de mer,
Tous nos rêves ailés, dans le lugubre espace
Disparaissent, à l’heure où l’espérance est lasse.
En vain on les rappelle, on tend les bras vers eux ;
Les fantômes chéris s’en vont, silencieux,
Par le chemin perdu des paradis qu’on pleure :
Ah ! Mon ciel était là, je m’en suis aperçu
Trop tard, l’ange est parti, j’ai laissé passer l’heure,
Et maintenant tout est fini : si j’avais su !
Louis Ménard, Rêveries d’un païen mystique