Le doux titre et l’emploi charmant :
Être, en juin, un berger d’abeilles,
Lorsque les prés sont des corbeilles
Et les champs des mers de froment ;
Quand les faucheurs sur les enclumes
Martèlent la faux au son clair,
Et que les oisillons dans l’air
Font bouffer leurs premières plumes !
Berger d’abeilles, je le fus,
A huit ans, la-bas, chez mon père,
Lorsque son vieux rucher prospère
Chantait sous ses poiriers touffus.
Quel bonheur de manquer l’école
Que l’été transforme en prison,
De se rouler dans le gazon,
Ou de suivre l’essaim qui vole,
En lui disant sur un ton doux
Pour qu’il s’arrête aux branches basses :
» Posez-vous, car vous êtes lasses ;
Belles abeilles, posez-vous !
» Nous avons des ruches nouvelles
Faites d’un bois qui vous plaira ;
La sauge les parfumera :
Posez-vous, abeilles, mes belles ! »
Et les abeilles se posaient
En une énorme grappe grise
Que berçait mollement la brise
Dans les rameaux qui bruissaient.
» Père ! criais-je, père ! arrive !
Un essaim ! » Et l’on préparait
La ruche neuve où sans regret
La tribu demeurait captive.
Puis, sur le soir, lorsque, à pas lents,
Du fond des pâtures lointaines
Les troupeaux revenaient bêlants
Vers l’étable et vers les fontaines,
Je retrouvais mon père au seuil
Comptant ses bêtes caressantes,
Et lui disais avec orgueil :
» Toutes les miennes sont présentes ! »
Le doux titre et l’emploi charmant :
Être, en juin, un berger d’abeilles,
Lorsque les prés sont des corbeilles
Et les champs des mers de froment !
François Fabié, Fleurs de genêts
Découvrir ce poète aux couleurs rurales ! Quel enchantement, c est comme vivre un autre temps… au présent…
Magnifique poeme…
Je rectifie mon commentaire précédent, car il est erroné – mais l’erreur est instructive…
En effet, j’ai écrit que le second vers comptait 9 syllabes, or c’est moi qui avais mal compté.
Il ne faut pas découper :
« Ê/tre en/ ju /in /un / ber /ger / d’a/ beilles » (9)
mais
« Ê/tre en/ juin/ un/ etc. » (8)
Cette façon de prononcer juin en une seule syllabe est poétique, on appelle cela une « synérèse »
Je pense que le second vers contient une erreur rythmique, facilement rectifiable. Est-ce une erreur de frappe ?
En effet, le poème est en octosyllabes (huit syllabes), sauf le second vers qui en contient 9.
Il suffirait de supprimer l’article :
« Être, en juin, berger d’abeilles »
Sinon, le poème est très vivant, bien évocateur d’une joie de vivre rurale que les citadins ont du mal à se figurer.
Cordialement
Ce que j ai vecu à 10 ans.
Quand on le voit il paraît court mais je l’ai écrit pour une anthologie et je confirme il est très long ! Mais ce poème reste magnifique !
Trop long !