Le rêve pour les uns serait d’avoir des ailes,
De monter dans l’espace en poussant de grands cris,
De prendre entre leurs doigts les souples hirondelles,
Et de se perdre, au soir, dans les cieux assombris.
D’autres voudraient pouvoir écraser des poitrines
En refermant dessus leurs deux bras écartés ;
Et, sans ployer des reins, les prenant aux narines,
Arrêter d’un seul coup les chevaux emportés.
Moi ; ce que j’aimerais, c’est la beauté charnelle :
Je voudrais être beau comme les anciens dieux,
Et qu’il restât aux coeurs une flamme éternelle
Au lointain souvenir de mon corps radieux.
Je voudrais que pour moi nulle ne restât sage,
Choisir l’une aujourd’hui, prendre l’autre demain ;
Car j’aimerais cueillir l’amour sur mon passage,
Comme on cueille des fruits en étendant la main.
Ils ont, en y mordant, des saveurs différentes ;
Ces arômes divers nous les rendent plus doux.
J’aimerais promener mes caresses errantes
Des fronts en cheveux noirs aux fronts en cheveux roux.
J’adorerais surtout les rencontres des rues,
Ces ardeurs de la chair que déchaîne un regard,
Les conquêtes d’une heure aussitôt disparues,
Les baisers échangés au seul gré du hasard.
Je voudrais au matin voir s’éveiller la brune
Qui vous tient étranglé dans l’étau de ses bras ;
Et, le soir, écouter le mot que dit tout bas
La blonde dont le front s’argente au clair de lune.
Puis, sans un trouble au coeur, sans un regret mordant,
Partir d’un pied léger vers une autre chimère.
– Il faut dans ces fruits-là ne mettre que la dent :
On trouverait au fond une saveur amère.
Guy de Maupassant, Des vers
Bien dit ! Effectivement bel découverte ce Poème. La sensualité… Il me semble que l’exploration du désir, le sien, celui de l’autre, est infini. Libre à chacun mais, en tout cas, je suis convaincue que l’on peut explorer tout un monde intérieur avec… l’être aimé !
De cette force qui nous pousse et nous dépasse,
Aussi indéfinie qu’elle germe en notre instinct,
De vouloir tout sentir et tout boire ce qui passe
Sans vivre l’envie pour que vive le destin.
Verger,
A aucun moment Maupassant ne viole une femme. Elles sont consentantes. Qui dit que l’amour est affaire de responsabilité ? Le désir nait au-delà de nous, ne nous appartient pas. Maupassant lui laisse libre cours. Là encore, qui prétend que le désir incombe une promesse ? Il ne s’agit pas d’une ode à la femme-objet, il s’agit d’un Ode à la liberté du désir, de son désir, par le biais d’amours éphémères, d’amours libres, réciproques et peut-être, fugace ou non.
Ce poème est un chef d’œuvre de sensualité. Il aurait pu taire ses désirs, les garder pour lui. Mais certains d’entre nous pourront se reconnaitre à sa lecture, femme ou homme. Ce poème commence par « Le rêve pour les uns… ». Ce poème est un rêve (et une partie de sa réalité…) très beau qui ne parle que de … Désirs, et qu’il partage avec nous.
Cordialement
En gros, je voudrais pouvoir profiter égoïstement d’un maximum de femmes. N’assumer aucune responsabilité envers elle mais que ce ne soit jamais un problème.
C’est bien
Le désir, est comme une oeuvre d’art que la nature nous offrent à notre regard, et ce sont ses imperfections qui font sa beauté !
Bel Ami n’est pas loin
c’est super,
grand merci à l’auteur qui me donne de plus en plus l’envie de lire et d’écrire
c’est un bon texte
Grandiose, sensuel !
Magnifique !
C’est bien! réjouissez-vous de la vie. Bénéficiez de la joie du monde;mais ne vous écartez pas de la morale.