La terre souriait au ciel bleu. L’herbe verte
De gouttes de rosée était encor couverte.
Tout chantait par le monde ainsi que dans mon coeur.
Caché dans un buisson, quelque merle moqueur
Sifflait. Me raillait-il ? Moi, je n’y songeais guère.
Nos parents querellaient, car ils étaient en guerre
Du matin jusqu’au soir, je ne sais plus pourquoi.
Elle cueillait des fleurs, et marchait près de moi.
Je gravis une pente et m’assis sur la mousse
A ses pieds. Devant nous une colline rousse
Fuyait sous le soleil jusques à l’horizon.
Elle dit : « Voyez donc ce mont, et ce gazon
Jauni, cette ravine au voyageur rebelle ! »
Pour moi je ne vis rien, sinon qu’elle était belle.
Alors elle chanta. Combien j’aimais sa voix !
Il fallut revenir et traverser le bois.
Un jeune orme tombé barrait toute la route ;
J’accourus ; je le tins en l’air comme une voûte
Et, le front couronné du dôme verdoyant,
La belle enfant passa sous l’arbre en souriant.
Émus de nous sentir côte à côte, et timides,
Nous regardions nos pieds et les herbes humides.
Les champs autour de nous étaient silencieux.
Parfois, sans me parler, elle levait les yeux ;
Alors il me semblait (je me trompe peut-être)
Que dans nos jeunes coeurs nos regards faisaient naître
Beaucoup d’autres pensers, et qu’ils causaient tout bas
Bien mieux que nous, disant ce que nous n’osions pas.
Guy de Maupassant, Des vers
Merci pour cette information, Anneliese 🙂
Maupassant s’amuse avec un poème de Victor Hugo: « Vieille chanson du jeune temps » in Les Contemplations.
On a eu pour notre brevet blanc aujourd’hui 🙂
J’avoue avoir choisi ce poème au hasard sur le site pour un devoir de français, mais après l’avoir lu je ne regrette pas du tout d’être tombé dessus.
Vous remarquerez je l’espère que ce commentaire est écris en vers #ilest20h00etmondevoirestpourdemain 😉
Promenade champêtre au refrain amoureux, qui ravive d’ardentes promesses de bonheur en ces temps saignants.
Cette promenade se fait à tous les âges, mais pour le poète « la muse » est indispensable, l’inspiration nait d’elle et de l’espace. J’ai eu l’occasion de faire cette promenade à 16 ans, elle a marqué ma vie. Je viens de la refaire à 70 ans, les chemins sont différents, mais les chants de la poésie sont les mêmes. Merci à ma blonde muse et à Maupassant qui m’ont accompagné.
Très beau poème, très élogieux.
superbe
pourquoi 16 ans et pas 17
J’aime…très belle poésie…
Franchement très beau. J’adore..
Superbe, illustratif.