Heureux le voyageur que sa ville chérie
Voit rentrer dans le port, aux premiers feux du jour !
Qui salue à la fois le ciel et la patrie,
La vie et le bonheur, le soleil et l’amour !
— Regardez, compagnons, un navire s’avance.
La mer, qui l’emporta, le rapporte en cadence,
En écumant sous lui, comme un hardi coursier,
Qui, tout en se cabrant, sent son vieux cavalier.
Salut ! qui que tu sois, toi dont la blanche voile
De ce large horizon accourt en palpitant !
Heureux ! quand tu reviens, si ton errante étoile
T’a fait aimer la rive ! heureux si l’on t’attend !
D’où viens-tu, beau navire ? à quel lointain rivage,
Léviathan superbe, as-tu lavé tes flancs ?
Est-tu blessé, guerrier ? Viens-tu d’un long voyage ?
C’est une chose à voir, quand tout un équipage,
Monté jeune à la mer, revient en cheveux blancs.
Es-tu riche ? viens-tu de l’Inde ou du Mexique ?
Ta quille est-elle lourde, ou si les vents du nord
T’ont pris, pour ta rançon, le poids de ton trésor ?
As-tu bravé la foudre et passé le tropique ?
T’es-tu, pendant deux ans, promené sur la mort,
Couvrant d’un œil hagard ta boussole tremblante,
Pour qu’une Européenne, une pâle indolente,
Puisse embaumer son bain des parfums du sérail
Et froisser dans la valse un collier de corail ?
Comme le cœur bondit quand la terre natale,
Au moment du retour, commence à s’approcher,
Et du vaste Océan sort avec son clocher !
Et quel tourment divin dans ce court intervalle,
Où l’on sent qu’elle arrive et qu’on va la toucher !
Ô patrie ! ô patrie ! ineffable mystère !
Mot sublime et terrible ! inconcevable amour !
L’homme n’est-il donc né que pour un coin de terre,
Pour y bâtir son nid, et pour y vivre un jour ?
Le Havre, septembre 1855.
Alfred de Musset, Oeuvres posthumes, 1888
J’ai avec passion aimé ce poème de Musset lorsque j’avais 16 ans en 1953 avec des parents nés à la fin du XIXème siècle (avec père qui sera mobilisé aux deux guerres). Aujourd’hui c’est BRASSENS que je chante et je dis ; Mourons pour des idées d’accord mais de mort lente. Naturellement les résistants de la dernière guerre ont toute mon admiration et ma gratitude. VIVE DE GAULLE, VIVE LA FRANCE LIBRE.
Mais Je viens de voir la piece de Viktor KYRYLOV ; Maintenant je n’écris plus qu’en français. Dans son cas précis j’opte pour le non retour en Ukraine à Odessa et L’expatriation pour la France. L’Ukraine ne se bat pas pour sa liberté et son indépendance c’est prendre partie pour l’un ou l’autre des prédateurs : La Russie CONTRE l’Amérique OTAN.
On ne se bat pas en UKRAINE pour son pays libre et indépendant mais pour un pays en proie à deux rivaux prédateurs. Que les pillards fassent leur paix et arrête leur guerre !
Ah, ce poème ! Je l’ai appris en 5ème et j’en suis tombée amoureuse ! Ceux qui chérissent leur patrie s’y reconnaîtront et en particulier dans les deux derniers vers : Quelle fougue, quelle amour pour cette terre natale !
Je n’ai pas trop aimé le début. La fin non plus. Mais alors l’ensemble encore moins.
Le début est très proche à « Heureux qui comme Ulysse… » par Du Bellay. Si c’est un hommage à ce dernier, un poète bien plus talentueux, ou une copie… je sais pas.
C’est très beau