Les Pavots

Alphonse de Lamartine

Lorsque vient le soir de la vie,
Le printemps attriste le cœur :
De sa corbeille épanouie
Il s’exhale un parfum moqueur.
De toutes ces fleurs qu’il étale,
Dont l’amour ouvre le pétale,
Dont les prés éblouissent l’œil,
Hélas ! il suffit que l’on cueille
De quoi parfumer d’une feuille
L’oreiller du lit d’un cercueil.
Cueillez-moi ce pavot sauvage
Qui croît à l’ombre de ces blés :
On dit qu’il en coule un breuvage
Qui ferme les yeux accablés.
J’ai trop veillé ; mon âme est lasse
De ces rêves qu’un rêve chasse.
Que me veux-tu, printemps vermeil ?
Loin de moi ces lis et ces roses !
Que faut-il aux paupières closes ?
La fleur qui garde le sommeil !

(Quarantième méditation)

Alphonse de Lamartine, 1847

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1 commentaires sur “Les Pavots”

  1. Myriam LEROY

    dit :

    Très beau poème, comme celui intitulé « Pensées des morts » chanté par Brassens.

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