Deux belles s’étaient baisées… Le poëte-berger, témoin jaloux de leurs caresses, chante ainsi :
« Que les deux beaux oiseaux, les colombes fidèles,
Se baisent. Pour s’aimer les dieux les firent belles.
Sous leur tête mobile, un cou blanc, délicat,
Se plie, et de la neige effacerait l’éclat.
Leur voix est pure et tendre, et leur âme innocente.
Leurs yeux doux et sereins, leur bouche caressante.
L’une a dit à sa sœur : « Ma sœur, . . . . . . . .
En un tel lieu croissent l’orge et le millet…
L’autour et l’oiseleur, ennemis de nos jours,
De ce réduit, peut-être, ignorent les détours ;
Viens…
Je te choisirai moi-même les graines que tu aimes, et mon bec s’entrelacera dans le tien. »
………………..
L’autre a dit à sa sœur : « Ma sœur, une fontaine
Coule dans ce bosquet……….
L’oie ni le canard n’en ont jamais souillé les eaux, ni leurs cris… Viens, nous y trouverons une boisson pure, et nous y baignerons notre tête et nos ailes, et mon bec ira polir ton plumage. » — Elles vont, elles se promènent en roucoulant au bord de l’eau ; elles boivent, se baignent, mangent ; puis, sur un rameau, leurs becs s’entrelacent ; elles se polissent leur plumage l’une à l’autre.
Le voyageur, passant en ces fraîches campagnes,
Dit : « Oh ! les beaux oiseaux ! oh ! les belles compagnes ! »
Il s’arrêta longtemps à contempler leurs jeux ;
Puis, reprenant sa route et les suivant des yeux,
Dit : « Baisez-vous, baisez-vous, colombes innocentes !
Vos cœurs sont doux et purs, et vos voix caressantes ;
Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat,
Se plie, et de la neige effacerait l’éclat. »
André Chénier
C’est quoi la forme de ce poème ? Par exemple c’est un rondeau, une ballade…?
Une poésie à faire fondre les âmes en quête de partage et d’Amour… une vie comme elle devrait être pleine de partage sans équivoque et de don de soi. Tellement émouvant ce poème qui me transcende de par sa simplicité à ramener l’amour à l’essentiel…