Pleurez, doux alcyons ! ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez !
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine !
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine :
Là, l’hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Une clef vigilante a, pour cette journée,
Sous le cèdre enfermé sa robe d’hyménée
Et l’or dont au festin ses bras seront parés
Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.
Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,
Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles
L’enveloppe : étonnée, et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.
Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine !
Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d’un rocher
Aux monstres dévorants eut soin de le cacher.
Par ses ordres bientôt les belles Néréides
S’élèvent au-dessus des demeures humides,
Le poussent au rivage, et dans ce monument
L’ont, au cap du Zéphyr, déposé mollement ;
Et de loin, à grands cris appelant leurs compagnes,
Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes,
Toutes, frappant leur sein et traînant un long deuil,
Répétèrent, hélas ! autour de son cercueil :
» Hélas ! chez ton amant tu n’es point ramenée,
Tu n’as point revêtu ta robe d’hyménée,
L’or autour de tes bras n’a point serré de noeuds,
Et le bandeau d’hymen n’orna point tes cheveux. «
André Chénier
Hummm, je l’avais préparé, moi aussi, excellent souvenir de mon Oral de Français au Bac, &, je l’ai présenté, par chance… Je ne l’ai jamais oublié, ce doux poème si romantique & si triste ! Oui, si triste, un grand classique… Je le relis, sans aucune nostalgie de temps en temps, avec bonheur & gratitude, je n’en percevais certainement pas tout le sens à l’époque, mais il a certainement changé ma vie & m’accompagne toujours !
Les contraintes de l’alexandrin donnent de la majesté à ce poème pré-romantique, d’où, à mon humble avis, s’ensuit une certaine raideur et des formulations quelque peu alambiquées qui convenaient à l’époque . Il n’en reste pas moins que j’ai aimé ce poème et qu’il me plait encore, au détour d’une lecture, de le retrouver, tel un vieil ami.
J’ai aujourd’hui 73 ans et j’étais heureuse de retrouver ce poème sur le net. Un souvenir de mes 15 ans au college. Ca fait bien.
Encore ému en relisant ce beau poème. Il reste gravé dans mon coeur de 80 ans
Je me souviens aussi du collège et d’une partie de ce beau poème. J’ai voulu ce soir de mes 81 ans le relire entièrement et j’ai revécu avec nostalgie quelques instants de mon adolescence…
Chénier était tout de même un tout petit mirliton qui n’a pas été oublié par hasard
Bonjour, ce poeme est-il lyrique?
Dans mon souvenir d’enfant de 6ans, je revois encore ma mère « Natalye » réciter ce Poème devant des immenses réunions de famille et amis! On n’entendait plus un bruit, et à l’expression de tragédienne de ma mère, qui était une grande artiste, mon âge ne me permettait pas de comprendre son émoi, et je croyais qu’elle souffrait. Cela me faisait très mal au coeur. Mais maintenant quand je lis ce texte poétique, je comprend pourquoi ma mère avait ce ton si poignant…
Depuis plus de 60 ans (hélas!) je relis les larmes aux yeux ce poème, mais ne m’en lasse jamais. Bien que je le connaisse presque par cœur, je le lis, pour ne pas risquer de l’abimer d’un hiatus importun.
Je l’avais préparé pour le bac de français. C’était en 1975… plus de 45 ans plus tard, des vers me sont encore en mémoire. Elle a vécu Myrto la jeune Tarentine… et j’étais presque amoureux d’elle.
Depuis le collège ce poème me séduit. Mais le dernier vers ne correspond pas à celui que je connais, et que je trouve plus fluide et plus en harmonie avec l’ensemble: « De doux parfums n’ont point coulé sur tes cheveux » (En référence au vers 10 du Lagarde et Michard)
Prosternation devant un tel poème