Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l’or massif:
Ses mâts touchaient l’azur, sur des mers inconnues;
La Cyprine d’amour, cheveux épars, chairs nues
S’étalait à sa proue, au soleil excessif.
Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l’Océan trompeur où chantait la Sirène,
Et le naufrage horrible inclina sa carène
Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.
Ce fut un Vaisseau d’Or, dont les flancs diaphanes
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés.
Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?
Qu’est devenu mon coeur, navire déserté ?
Hélas! Il a sombré dans l’abîme du Rêve !
Emile Nelligan
Comme Nelligan, je me reconnais également dans ces mots! D’où son génie poétique!
J’ai lu ce poème à 18 ou 19. Je pense à Nelligan et mon ami Donald et tant d’autres amis qui sont des vaisseaux d’or. Mal compris. Fatigués. Isolés…
Merveilleux. La poésie qui a survécu au naufrage de l’homme.
Quand j’ai lu ce poème,
Je n’avais que seize ans.
Après toute une vie
De joies de soucis,
Or il n’est plus le même
Maintenant je comprends.
Cyprine d’amour, inclina sa carène aux profondeurs du gouffre… mots dans le texte d’une grande connotation sexuelle…J’aime ce genre de poésie où il y dévoile subtilement son Âme torturée
Magnifique poème ! Très touchant si on en comprend le sens ! Puisque ce poète a prédit son avenir à travers cette œuvre !
Poignant ! Et comme prémonitoire de la destinée tragique de son auteur